Hôtel du Grand Cerf

Franz Bartelt

Seuil

  • Conseillé par (Libraire)
    18 juillet 2017

    Une plume remarquable et des dialogues ciselés pour un excellent roman noir

    La couverture est noire et l'intrigue de ce roman l'est tout autant mais sur le mode « on va rire cinq minutes». Tout démarre grâce à un producteur de documentaires qui tombe par hasard sur des chutes de films datant des années 50. L'actrice principale qu'il découvre dans ces bouts d'essai est alors au faîte de sa gloire mais meurt noyée dans la baignoire de sa chambre d'hôtel lors du tournage de ce qui restera un film inachevé. Il lance sur les traces de cette femme fatale un journaliste désoeuvré devenu son homme à tout faire, car il est persuadé qu 'elle a été assassinée. Mû par un instinct qui l'a déjà servi à accomplir sa mission de producteur, il veut tirer tout cela au clair et en faire un film. Nous voilà donc projeté dans les Ardennes – frontière franco belge- à Reugny, sur la scène du dit crime, à l'hôtel du Grand Cerf, au fin fond d'une campagne boisée, alcoolisée et endormie.
    Nicolas, notre journaliste, est projeté au milieu d'une nouvelle affaire alors qu'il découvre les lieux et leurs habitants car on vient de découvrir à quelques kilomètres de là le cadavre d'un douanier décapité. Entre-temps, la fille de la patronne de l'hôtel disparaît sans laisser de traces , seul son vélomoteur émerge d'une mare où un second corps sera également trouvé.
    Bref, des cadavres vous en avez non seulement dans les baignoires mais aussi dans les bois et les mares. Et qui dit cadavres dit inspecteur. Intervient alors un nouveau personnage affublé d'un nom totalement saugrenu, Vertigo Kulbertus, obèse et à 15 jours de la retraite. Fulminant, il se rend quand même, bien obligé, à Reugny. Le personnage et ses méthodes d'investigation sont à l'exact opposé de celles de Sherlock Holmes : vulgaire pour choquer et pousser les présumés coupables dans leurs retranchements, amateur de bière sans mousse, il est excessif en tout y compris dans son amour pour lui-même.
    Le style inimitable de Bartelt, superbe et pince sans rire, donne droit à des dialogues hilarants. Plongez avec bonheur dans un livre qui, ayant tout du roman policier, se paye aussi le luxe d'être une comédie sociale teintée d'amertume et d'humour


  • Conseillé par
    16 août 2017

    "Elle respira la nuit, en renversant sa tête en arrière. Les étoiles lui tombèrent dans les yeux. Elle en fut comme éblouie."

    Quel bonheur de découvrir Franz Bartelt ! Sur les conseils fort avisés d'un libraire, je me suis lancée dans la lecture de ce roman policier. Roman policier ? L’appellation est ici réductrice tant pour la narration qui se joue des codes du genre que pour le style, parfois "brut de pomme", parfois d'une merveilleuse sensibilité.

    L'hôtel du Grand Cerf se trouve à Reugny, au cœur des Ardennes. La bière y coule à flots, mais la parole est plus rare. Les langues ne se délient pas facilement, surtout devant les étrangers au village. Les secrets y macèrent, certains depuis la Seconde Guerre Mondiale. Tout va pour le mieux dans ce panier de crabes. Seulement, le douanier du coin, Jeff Rousselet, dont le passe-temps est de consigner sur des sous-bocks de bière les petites et les grandes infamies des habitants, est retrouvé, la tête explosée d'un coup de fusil. Quel crabe a-t-il pris peur ? Serait-ce Richard Lépine, directeur du Centre de Motivation, une sorte de Koh-Lanta pour cadres supérieurs, supposé en faire des mâles alpha. Son passé est trouble et sa volonté de racheter le village morceau par morceau assez étonnante. Il s'agit du suspect le plus évident, mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Nombreux sont les habitants qui ont quelque chose à se reprocher, Léontine Londroit est en haut de la liste. A 86 ans, coincée dans son fauteuil roulant, elle n'en continue pas moins à diriger l'hôtel du Grand Cerf. Depuis la mezzanine, elle observe les agissements de sa fille et de sa petite-fille, compte les pintes et surtout écoute d'une oreille attentive les informations qui échappent aux gueules saoules. Son établissement a connu une heure de gloire tragique dans les années 1960. Une star du cinéma, Rosa Gulinger, a été découverte, noyée dans la baignoire de la chambre qu'elle occupait au Grand Cerf. Reugny était le lieu de tournage de son dernier film. La police locale a très (trop) vite conclu à un accident, lié au penchant pour la bouteille de la vedette.

    Deux morts à deux époques différentes amènent dans ce lieu reculé Nicolas Tèque et Vertigo Kulbertus. Le premier, journaliste à la petite semaine, se renseigne sur Rosa Gulinger pour le tournage d'un documentaire. Le deuxième, inspecteur à quatorze jours de la retraite, est chargé d'élucider le crime du douanier. Chacun à leur manière, ils vont œuvrer pour que la vérité éclate. Ils doivent unir leurs forces car les crimes s'enchaînent à une vitesse alarmante. A la nonchalance de Nicolas répond la tonitruance de Vertigo. Le personnage de l'inspecteur, dont la spectaculaire obésité, ferait presque oublier l'intelligence acérée, est haut en couleur, un mélange de provocation et de sentimentalisme exacerbé.

    L'enquête suit son cours, tissant des liens entre le passé et le présent, les fantômes sortant peu à peu des placards. Le lecteur, lui, se régale. Il s’esclaffe à la lecture des dialogues savoureux et cède à l'émotion quand Franz Bartelt évoque la nature, en de petits tableaux d'une incroyable poésie.

    Un roman que j'ai adoré


  • Conseillé par (Libraire)
    16 mai 2017

    Bon séjour à l'Hôtel du Grand Cerf !

    Nicolas Tèque, journaliste, est envoyé par son chef à Reugny, petit village perdu dans les Ardennes. Sa mission, donner un nouvel éclairage à la mort d'une actrice célèbre, il y a de cela plus de cinquante ans. S'est-elle réellement noyée dans sa baignoire à l'Hôtel du Grand Cerf ? Quand il arrive à Reugny, le village est sens dessus dessous. Le garde forestier a été décapité et une jeune fille a mystérieusement disparu. C'est ici qu'intervient Vertigo Kulbertus, inspecteur. Obèse, il faut le préciser, il mène l'enquête avec ses méthodes bien particulières.
    A la fois loufoque et subtil, Franz Bartelt nous livre un roman jouissif et rocambolesque. Un délice !