Cette chose étrange en moi

Orhan Pamuk

Gallimard

  • Conseillé par
    11 octobre 2017

    Un Nobel à Istanbul

    Dans ce roman ambitieux, Orhan Pamuk raconte une histoire d’Istanbul sur cinquante ans, à travers la vie d’un modeste vendeur ambulant, et pose un regard critique et engagé sur la société de son pays, dans ce qui tient à la fois du conte oriental et du roman picaresque.

    **Un candide optimiste**

    Le livre relate « la vie, les aventures et les rêves » de Mevlut Karatas, originaire d’Anatolie, qui rejoint Istanbul en 1969 afin d’y poursuivre sa scolarité et d’aider son père à la vente de boza, boisson fermentée traditionnelle. La grande affaire de notre héros, c’est la passion amoureuse sur laquelle il bâtit sa vie, en dépit d’un quiproquo initial ; parallèlement, on le suit au fil de ses associations hasardeuses, de ses démêlés avec la corruption, dont il finit toujours par se tirer d’affaire.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    19 août 2017

    À la fois chronique sociale et familiale, l'histoire de Melvut s'étale sur une large période allant de 1968 à 2012 qui nous plonge au coeur d'un Istanbul inattendu, celui d'un sous-prolétariat né de l'exode rural, vivant en périphérie urbaine dans des bidonvilles construits sur les collines.
    Ce roman qui donne la parole à Melvut et aux siens fait la peinture d'une ville en mutation et exprime sur un fond historique assez détaillé la réalité d'une société très politisée, coutumière des tensions sociales et divisée entre modernité et tradition.
    Même si Melvut assiste aux petits et grands évenements qui ont traversé ces quatre décennies, il se garde bien de de porter un jugement ou de prendre parti. Quand son père lui a appris le métier de vendeur de boza, il lui a appris avant tout d'être un homme qui voit tout et qu'on ne voit pas, qui entend tout mais qui fait comme s'il n'avait rien entendu. Melvut est un homme un peu naîf qui accepte les choses avec un fatalisme tout oriental mais qui reste optimiste malgré ce petit quelque chose en lui de mélancolique qui l'empêche d'être en adéquation totale avec le monde dans lequel il vit. Comme une nostalgie d'un temps révolu dont le boza reste le symbole...

    C'est une lecture passionnante, enrichissante pour qui veut comprendre l'âme turque mais que j'ai trouvée un peu longue même si le style simple et très vivant accroche le lecteur. Ce roman m'a fait penser à une énorme boîte de loukoums de chez Haci Bekir (les meilleurs d'Istanbul) qu'on se réjouit d'avaler. Au début on en savoure les différents goûts avec délectation mais comme la boîte est décidément trop grosse, on finit par saturer un peu. J'ai eu un peu de mal à venir à bout de ces 660 pages qui heureusement n'abîment pas les dents.