La grande vie

Ecrite en 1978, cette longue nouvelle de Jean-Pierre Martinet met en scène Adolphe Marlaud, un vieil orphelin qui surveille la tombe de son père (un ex-milicien vichyssois qui a dénoncé sa femme juive...) depuis la fenêtre de son petit appartement. Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres, dans l'ombre d'un patron qui le terrorise, et fréquente, à son corps défendant, sa concierge, Madame C., une géante qui pleure à l'évocation de Luis Mariano. Cette Madame C. décide, un gris matin, que le mince Adolphe deviendra son amant, son chéri, sa chose, sans que celui-ci, entre dégoût et attirance, parvienne à échapper à l'emprise adipeuse de cette goinfre dont les ruts sont de grands moments de sauvagerie érotique. Telle une maladie contagieuse, la folie de Martinet va gagner ce duo infernal : elle se retrouve internée, lui se cache derrière une carabine pour écarter les intrus de la tombe paternelle. La critique est dithyrambique : c'est le plus court et le plus drôle des chefs-d'oeuvre du génial Martinet.