L'île des âmes

Piergiorgio Pulixi

Éditions Gallmeister

  • Conseillé par (Libraire)
    5 avril 2021

    Un polar sarde original et séduisant !

    En ce début d'année 2021, Oliver Gallmeister a intégré dans son équipe une nouvelle éditrice, Bénédicte Adrien, pour ouvrir le catalogue, jusque-là dédié à la littérature américaine, à de nouveaux horizons, européens pour commencer.
    Quel superbe démarrage que cette "Ile des âmes" !
    Polar issu de la plume séduisante d'un auteur de 40 ans né en Sardaigne, ses deux héroïnes ont un caractère bien trempé : l'une, Mara Rais, talons hauts et tailleur chic, n'a jamais bougé de son île et constelle ses réflexions d'imprécations sardes; l'autre, Eva Croce, de noir vêtue et affublée d'un piercing, vient d'être mutée de Milan malgré un état de services brillant, ce qui nous amène à penser très vite qu'elle a une grosse casserole dans son dossier...
    Elles vont se retrouver toutes les deux nommées au tout nouveau "service des dossiers non résolus", le bureau des "cold case" se trouvant être relégué au sous-sol de la questure de Cagliari, autant dire à la cave...
    Le commissaire en chef Giacomo Farci va avoir recours rapidement à ce duo féminin tonique pour retrouver une jeune femme disparue depuis peu et remonter le fil d'assassinats ritualisés vieux de plusieurs décennies, jamais résolus .
    " L'ile des âmes " est un polar passionnant qui nous plonge dans la Sardaigne d'aujourd'hui et dans celle d'hier, la Sardaigne de la civilisation nuragique, unique en Europe, et dans les croyances d'une communauté extrêmement fermée et prisonnière du passé. La tension monte progressivement jusqu'au final parfait, le duo d'inspectrices déployant tous ses talents pour résoudre cette première enquête.


  • Conseillé par
    14 janvier 2023

    Italie, policier

    Un polar italien ? Plus que ça : un polar sarde. Une plongée dans un des mythes de cette île mystérieuse beaucoup plus verte que je ne le pensais.

    J’ai aimé le duo d’enquêtrices relégué aux cold case, mais qui ne lâche pas l’affaire.

    J’ai aimé que leur patron les couvre, même quand l’enquête implique des personnes haut-placées.

    J’ai aimé le vieux collègue, proche de la mort à cause de son cancer, qui les guide et leur fait confiance pour résoudre les 2 enquêtes que lui n’a jamais pu boucler et qui le hantent.

    J’ai aimé la tribu si particulière des Ladus qui pratique un rite de sacrifice à la Terre. Et j’ai aimé que les deux histoires s’entremêlent.

    J’ai découvert la civilisation nuragique.

    La première enquête de Mara Rais qui n’a pas sa langue dans sa poche et Eva Croce la milanaise dont la petite fille est décédée.

    Il est certain que je lirai leur prochaine enquête.

    L’image que je retiendrai :

    celle du totem de la Déesse Mère bien caché dans une grotte connue des seuls Ladus.

    https://alexmotamots.fr/lile-des-ames-piergiorgio-pulixi/


  • Conseillé par (Libraire)
    30 avril 2021

    Addicitif et somptueux

    Le roman policier est un genre qui colle de plus en plus à l’état de la société. Avec ce 1er roman édité en France, Pulixi confirme ce principe. Fini les policiers mâles, solitaires, en proie à des doutes existentiels. Place aux femmes flics, aussi tourmentées mais porteuses d’autres qualités, d’autres défauts. Dans « L’île des âmes », ce n’est même pas une policière qui enquête mais deux agentes cabossées par leurs vies personnelles et dézinguées dans leur vie professionnelle: la locale Mara Rais aux tailleurs impeccables et Eva Croce, la milanaise au blouson de cuir et piercing. Aussi différentes l’une que l’autre, écartées des enquêtes majeures par leur hiérarchie, elles vont devoir faire équipe, contre leur volonté, et rouvrir des cold-case.
    Femmes flics, mais aussi meurtres rituels trouvant leur origine dans des mythologies locales nous renvoient immédiatement au pendant espagnol de Pulixi, les romans de Dolores Redondo dont le fameux « La gardien invisible ». Ce sont ici des croyances sardes qui expliquent peut être des meurtres horribles accompagnés d’un rituel ancestral. Les enquêtes renvoient à un passé lointain, éléments permanents culturels d’une société en mal de repères. Ainsi ces romans installent leur intrigue dans une région spécifique, décrite minutieusement, cherchant les tréfonds d’une culture dans ses rites païens mais aussi dans ses paysages, ses odeurs, ses plantes, ses pierres. Ici c’est la Sardaigne qui est le décor d’une enquête menée rondement où chaque court chapitre renvoie le lecteur à de nouvelles incertitudes.

    Après une mise en place assez lente mais indispensable, le rythme s’accélère et d’allers retours permanents de personnages en personnages et de lieux en lieux, le lecteur est pris dans un tourbillon, les pièces posées sur l’échiquier dévoilant au gré de leur déplacement de nouvelles perspectives jusqu’à la conclusion inattendue. Le surnaturel côtoie le quotidien, les paysages paradisiaques et magnifiquement décrits de la Sardaigne deviennent parfois les lieux sacrificiels abominables. Très documenté, le récit baigne dans l’anthropologie, l’histoire, la religion, et les croyances de la civilisation nuragique fondée sur la nécessité de sacrifices humains pour ensemencer de son sang, la terre.

    Un polar ne saurait aujourd’hui se limiter à une intrigue et Pulixi soigne particulièrement les personnages tant principaux que secondaires. On s’attache à ce vieux flic en fin de vie, hanté par ses meurtres anciens non résolus, on soupçonne chaque intervenant y compris au sein de la police et le duo Rais Croce, mérite une attention particulière. Autant que la résolution de l’intrigue, la découverte du passé des intervenants pousse le lecteur dans ses derniers retranchements.

    Eric