L'invention de nos vies, Roman

Karine Tuil

Grasset

  • Conseillé par
    26 août 2013

    Un roman jubilatoire

    Ce que j'aime, ce que j'ai toujours aimé dans les romans, c'est qu'un écrivain me raconte des histoires. N'importe quelles histoires. Si en plus le style et la construction tiennent leurs promesses, quel bonheur! Avec " L'invention de nos vie " de Karine Tuil, je suis comblée.

    " Avec le mensonge, on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir ", dit un proverbe yiddish. Ils sont trois amis: Samir Tahar, musulman, fils illégitime d'une femme de ménage; Samuel, adopté par un couple d'intellectuels juifs laïques devenus très religieux; et Nina, dont la beauté laisse pantois ceux qu'elle rencontre. Tous trois ont l'avenir devant eux et pourtant, lorsqu'ils se revoient vingt ans plus tard, ils ne sont pas devenus ce à quoi ils étaient destinés. Samir, qui s'appelle maintenant Sam, a conquis l'Amérique et fait fortune sur un mensonge; Samuel a consciencieusement et sûrement raté sa vie, comme Nina dont le physique spectaculaire ne sert plus qu'à des pubs pour barbecue. C'est à ce moment-là de leur existence, la quarantaine venue, que Karine Tuil les cueille. Et quel bouquet. Creusant dans leur quotidien, tentant de comprendre leurs motivations et leurs dysfonctionnements, décryptant les existences des uns et des autres entre Paris et New York, elle explore le mensonge sous toutes ses facettes, celui que l'on sert aux autres, mais aussi à soi-même. Aux deux tiers de " L'invention de nos vies ", alors qu'il s'était déjà passé pas mal de choses (mais comment allait-elle retomber sur ses pieds ?), voilà que que son récit s'envole vers d'autres cimes. Les destins des trois personnages sont complètement chamboulés et cela pourrait être invraisemblable; à vrai dire ça l'est un peu, mais c'est sans importance. Karine Tuil conduit son livre pied au plancher et on est ravi d'être sa passagère.

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