Frank Sinatra dans un mixeur

Laurent Bury

Éditions Gallmeister

  • Conseillé par
    28 avril 2015

    Trop brut(e) de décoffrage ?

    Appâtée par le titre et la maison d'édition Gallmeister, je me suis jetée sur ce polar sans me poser trop de questions... Peut-être aurais-je dû me rappeler que Frank Sinatra n'était pas seulement un crooner à la voix de miel mais avait aussi des accointances avec la Mafia et ses méthodes expéditives ? Peut-être aurais-je dû réviser mes classiques et m'attendre à quelques meurtres, un incontournable ou presque du roman policier ?

    Nick Valentine, ex-policier devenu détective, enquête sur le braquage d'une banque. Notre homme a décidé d'abandonner la cigarette et le café (sage résolution) mais carbure à l'alcool et aux médocs (l'humain est faible...). Matthew Mc Bride s'amuse visiblement beaucoup à lui inventer des programmes de soûleries où les alcools forts côtoient l'indispensable Corona et quelques jus de fruits (des vitamines, c'est bon pour la santé). Il mène toutes ses investigations avec son verre en polystyrène à la main, plein du mélange du jour qu'il "slurpe" à la paille. Pour compléter le tableau, ce gros dur habite dans son bureau/dortoir/dépotoir avec Franck, son Yorshire Terrier, le seul véritable amour de sa vie, malgré la fâcheuse tendance de la minuscule créature à toujours atterrir à un endroit sensible de l'anatomie masculine quand il monte sur les genoux de son maître.

    Nick joue sur deux tableaux, il coopère avec la police, en particulier avec le commissaire Caraway, ami de son père et repère dans sa vie de "déglingue". Il fréquente aussi des dealers et des voleurs, incarnés dans ce roman par Big Tony, accro à la cocaïne comme le détective au whisky et Doyle, as de la cambriole, qui n'hésite pas à dépouiller un mort dans son cercueil lors d'un enterrement. Ces trois "gentlemen" se retrouvent régulièrement au Cowboy Roy's Fantasyland, bar crapoteux et boîte à strip-tease.

    Lors du braquage, une grosse somme a été dérobée et elle va passer de main en main tout au long du roman, bien protégée dans son sac de sport. Bien évidemment, ces échanges ne se font pas avec la plus grande des courtoisies : bagarres, coups de feu, tortures (avec hache et tronçonneuse, ça ne plaisante pas) les accompagnent. J'ai "zappé" certaines scènes, beaucoup trop violentes pour moi.

    Au final, ce livre se joue des clichés du roman noir, ne manque pas de rythme ni d'humour mais la violence (parfois grand-guignolesque) est trop présente pour que j'adhère pleinement à l'histoire.