Quand j'étais drôle
EAN13
9782246654193
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Quand j'étais drôle

Grasset

Indisponible
« Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours admiré les clowns, les
humoristes, les antihéros, les faux atrabilaires, les ironiques, les cyniques
et les provocateurs. Le rire est transgression. » A cette liste Karine Tuil
devrait ajouter le personnage du « looser » désenchanté, lâche, affabulateur
et mauvais fils qu'est le héros (anti-héros serait plus juste) de son dernier
roman, Jérémy Sandre dit Jerry Sanders. Humoriste exilé volontairement à New
York pour s'y produire dans une « stand up » comédie, ce maladroit cumule les
handicaps : français habitant dans le quartier arabe après le 11 septembre,
donc réduit à la portion congrue de la société du spectacle, fiancé à une
fille de l'Est, père d'une jeune fille belle comme le péché, dont il ne s'est
jamais vraiment occupée. Dégringolant l'échelle sociale plus vite qu'il ne l'a
jadis escaladée, Jérémy s'installe dans l'imposture en faisant croire aux
siens, à distance, que l'Amérique lui fait un accueil triomphal. Finalement
contraint de revenir en France, sa parentèle va finir de l'exaspérer. Jusqu'au
meurtre d'un ancien associé, personnage vil et corrompu, dans des conditions
dont on ne dira rien ici. Quand le livre s'ouvre, Jérémy est emprisonné. De sa
cellule où il attend le jugement et la délivrance, Jérémy comme Job se
lamente, partagé entre le grinçant de la comédie et les larmes de l'échec
programmé. Karine Tuil a écrit avec une virtuosité inégalée le roman du rire
et de l'oubli. Tel un personnage de Saul Bellow, Jérémy prend la terre entière
à témoin de l'impasse existentielle où il est réduit par sa faute. N'ayant
plus rien à perdre, il préfère en rire. Nous aussi, d'ailleurs.
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