- EAN13
- 9782358731379
- ISBN
- 978-2-35873-137-9
- Éditeur
- Le Bruit du temps
- Date de publication
- 08/11/2019
- Nombre de pages
- 1300
- Dimensions
- 20,5 x 13,5 x 0,1 cm
- Poids
- 1000 g
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Lorsqu’elle sonne à la porte d’Anna Akhmatova, le 10 novembre 1938,
et pénètre pour la première fois dans l’appartement sordide de l’ancien palais où vit l’un des plus célèbres poètes russes du xxe siècle, Lydia Tchoukovskaïa a trente et un ans, Akhmatova quarante-neuf. Les deux femmes se sont déjà croisées mais ne se sont jamais vraiment parlé. Akhmatova connaît le père de Lydia depuis 1912 : Korneï Tchoukovski et elle ont fréquenté les mêmes cercles artistiques et intellectuels avant la révolution. Quant à Lydia, elle voue un culte à son aînée et sait par coeur un grand nombre de ses poèmes. C’est cette mémoire
prodigieuse qui lui vaudra de devenir l’une des gardiennes de l’oeuvre d’Akhmatova, qu’elle connaît mieux que personne. Leur amitié commence au pire moment de la terreur stalinienne, qui les a toutes deux durement frappées à travers leurs proches. Dès lors et pendant ces presque trente années, elles vont se soutenir mutuellement dans le malheur. Mais ce qui les lie peut- être plus que tout, c’est leur amour pour la poésie et la langue russe. Chacune d’elles s’efforce de préserver l’authenticité de la pensée et de la langue au milieu d’un océan de mensonges : Lydia Tchoukovskaïa rédige Sophia Pétrovna, le seul roman sur l’année 37 écrit « à chaud », et Akhmatova, qui n’a rien publié depuis une quinzaine d’années, compose son Requiem qu’elle n’ose même pas confier au papier et qui n’existera longtemps que dans la mémoire de quelques amis. Or à partir de cette date et jusqu’à la mort de la poétesse en 1966, la jeune femme va tenir un journal dans lequel, à chacune de ses visites, elle note en rentrant chez elle, de mémoire, leurs conversations, les poèmes qu’Akhmatova lui récite, des détails de sa vie quotidienne. En dépit d’une période de dix ans durant laquelle les deux femmes ne se virent plus (de 1942 à 1952), les plus de mille pages de ces Entretiens quasi quotidiens constituent donc un témoignage sans équivalent, autant sur la personnalité d’Akhmatova, que sur une époque, et même plusieurs époques de l’histoire de l’Union soviétique (la Terreur, la guerre, le Dégel, l’affaire Pasternak, l’affaire Brodsky, les débuts de la dissidence).
et pénètre pour la première fois dans l’appartement sordide de l’ancien palais où vit l’un des plus célèbres poètes russes du xxe siècle, Lydia Tchoukovskaïa a trente et un ans, Akhmatova quarante-neuf. Les deux femmes se sont déjà croisées mais ne se sont jamais vraiment parlé. Akhmatova connaît le père de Lydia depuis 1912 : Korneï Tchoukovski et elle ont fréquenté les mêmes cercles artistiques et intellectuels avant la révolution. Quant à Lydia, elle voue un culte à son aînée et sait par coeur un grand nombre de ses poèmes. C’est cette mémoire
prodigieuse qui lui vaudra de devenir l’une des gardiennes de l’oeuvre d’Akhmatova, qu’elle connaît mieux que personne. Leur amitié commence au pire moment de la terreur stalinienne, qui les a toutes deux durement frappées à travers leurs proches. Dès lors et pendant ces presque trente années, elles vont se soutenir mutuellement dans le malheur. Mais ce qui les lie peut- être plus que tout, c’est leur amour pour la poésie et la langue russe. Chacune d’elles s’efforce de préserver l’authenticité de la pensée et de la langue au milieu d’un océan de mensonges : Lydia Tchoukovskaïa rédige Sophia Pétrovna, le seul roman sur l’année 37 écrit « à chaud », et Akhmatova, qui n’a rien publié depuis une quinzaine d’années, compose son Requiem qu’elle n’ose même pas confier au papier et qui n’existera longtemps que dans la mémoire de quelques amis. Or à partir de cette date et jusqu’à la mort de la poétesse en 1966, la jeune femme va tenir un journal dans lequel, à chacune de ses visites, elle note en rentrant chez elle, de mémoire, leurs conversations, les poèmes qu’Akhmatova lui récite, des détails de sa vie quotidienne. En dépit d’une période de dix ans durant laquelle les deux femmes ne se virent plus (de 1942 à 1952), les plus de mille pages de ces Entretiens quasi quotidiens constituent donc un témoignage sans équivalent, autant sur la personnalité d’Akhmatova, que sur une époque, et même plusieurs époques de l’histoire de l’Union soviétique (la Terreur, la guerre, le Dégel, l’affaire Pasternak, l’affaire Brodsky, les débuts de la dissidence).
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