Gwenaëlle

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Tombée dans les livres dès l'enfance, je suis aujourd'hui toujours passionnée par l'écrit. Ecrivain public, j'aide les autres à mettre en forme leurs idées. Blogueuse, je partage mes coups de cœur littéraires. Maman, je lis des histoires à mes enfants... Vous pouvez me retrouver surSKRIBAN

Préfaces de l'amiral Christophe Prazuck et de Tchéky Karyo

Nimrod

Conseillé par
7 janvier 2014

Un engagement total!

"Je ne vois que deux issues possibles pour vous si vous persistez à fréquenter vos amis et votre quartier : la prison ou la mort."

C’est ce que dit un flic à Alain. A, alias Marius, alors qu’il vient de subir un interrogatoire musclé de la part d’un autre policier. Depuis un certain temps, le jeune homme (il a 18 ans) trempe dans des affaires louches. Il n’a pas vraiment choisi la bonne voie : vols, trafics divers… Il faut croire que ce flic est un peu psychologue, car il lui conseille alors, pour échapper à une destinée tragique, de devancer l’appel et de partir à l’armée. Le jeune Alain a l’intelligence de suivre sa recommandation.

C’est ainsi qu’en 1985, il quitte Marseille et se retrouve chez les fusiliers-marins, à Lorient. Très vite, il a envie de faire le stage commando. Ses efforts lui permettent, en effet, d’être parmi les candidats sélectionnés. L’attend alors un parcours dont il n’imagine même pas la difficulté. Ce n’est rien de dire que l’entraînement est intensif! Les jeunes militaires sont poussés au-delà de leurs limites physiques et mentales. Au bout du compte, celui qui entre-temps est devenu Marius, obtiendra son béret vert et les honneurs!

"Malgré la souffrance et les douleurs qui parcourent tout mon corps, je me sens vivant, libre et heureux de me laisser submerger par l’émotion qu’a fait naître cette victoire. Ce n’est pas tant le fait d’avoir gagné que je savoure pleinement que celui d’avoir mérité ma propre confiance, de me sentir valorisé à mes propres yeux. Enfin, pour la première fois de ma vie, je suis premier!"

C’est pour Marius le début d’une belle et exemplaire carrière puisque, non content de participer à des missions ultra-sensibles, il va devenir instructeur, à son tour, au centre de Lorient.

Que vous vous intéressiez ou non à ce qui concerne l’armée, Parcours Commando est un livre agréable à lire, car il est bien écrit, habilement construit et sans temps mort. Il permet de découvrir un univers dont on entend peu parler. Il y a de l’action, de l’action et de l’action, bien sûr, mais aussi de belles valeurs humaines, des rencontres qui font basculer le destin et une vraie réflexion sur ce qui fait un homme (oui, c’est très masculin et viril, tout ça, et je me suis demandé si certaines promotions de commandos marins comprenaient des femmes. Quelqu’un, dans la salle, a la réponse?) Mais l’auteur ne manque pas non plus de rendre hommage à celle qu’il aime (et qui l’aime), son havre de douceur dans la vie civile, auprès de laquelle il peut se ressourcer (et son béret vert est témoin qu’il en a parfois vraiment besoin!) et qui gère la maisonnée quand lui est appelé au loin, parfois pour plusieurs mois.

En conclusion, un témoignage vraiment passionnant et qui m’a fait réfléchir sur la signification du mot "engagement".

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9 décembre 2013

Jill a dix-sept ans. Depuis ses quatre ans, elle est aveugle. Battante, coachée par son père, elle refuse que son handicap ternisse sa vie. Elle fait du sport, a des amis, se balade seule et suit des cours à l’Institut des Jeunes Aveugles à Paris.

Un soir, alors qu’elle tente un acte un peu fou pour se prouver qu’elle en est capable, Jill est témoin d’une violente altercation entre plusieurs hommes. L’un d’eux, salement amoché, appelle au secours. Quand les pompiers arrivent à la rescousse, l’homme n’est plus là.

A la suite de cet évènement, Jill se met à rêver. Des rêves en couleurs, pleins d’images alors qu’elle ne voyait plus, même en rêve, depuis longtemps. Bientôt, elle comprend que ses rêves sont prémonitoires. Et qu’elle a un rôle à jour dans ces scènes que son esprit lui fait voir. Mais lequel? Et comment, elle, aveugle, pourrait-elle bien venir en aide à des voyants?

Ce dernier roman de Jo Witek, chez Actes Sud Junior, embarque le lecteur dès les premières pages. Jill est une jeune fille attachante, sensible, en révolte aussi, qui refuse de viser petit sous prétexte qu’elle est privée de la vue. Avec détermination, elle se glisse dans une histoire qui n’est pas la sienne et qui pourtant la fera considérablement évoluer. Sa bande de copains permet de varier les points de vue sur ce handicap et de montrer que, hors de la solidarité, point de salut.. L’auteure a passé quinze jours à l’INJA de Paris, et cela se sent dans ce récit bien construit, bien mené et solidement étayé par un travail de recherche.

En résumé, une excellente lecture qui devrait plaire, tant aux ados qu’aux adultes. Au delà de ses qualités littéraires, elle permet aux voyants que nous sommes, de nous glisser dans la peau d’une aveugle et de voir la vie sans les yeux. Rêves en noir constitue donc excellent point de départ pour réfléchir au handicap sous toutes ses formes : comment il est vécu, comment il est vu, et surtout, comment l’humain s’adapte pour surmonter les difficultés et transformer, parfois, une faiblesse en force.

A lire sans délai!

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9 décembre 2013

Un coup de cœur

Autant vous l'annoncer d'emblée : j'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman! A tel point que j'aurais voulu le faire durer, pour rester plus longtemps entre ses pages.
De l'auteur, j'avais déjà lu "La ballade de Sean Hopper" et "Les ostrogoths", qui m'avaient emballée. Aussi, quand j'ai vu ce nouveau roman qui traînait à la médiathèque sur les présentoirs destinés à la jeunesse, je l'ai raflé comme une voleuse. Et à peine rentrée chez moi, je l'ai entamé comme on croque dans une pâte de fruits (artisanale, la pâte de fruit, je précise...)
Pourtant, avec Zelda la Rouge, on est bien loin du sucre et des confiseries. A 16 ans, elle est paraplégique, et se déplace en fauteuil roulant. La faute à un chauffard qui l'a renversée quand elle avait 10 ans, et qui ne s'est même pas arrêté pour lui porter secours.

Sa sœur Julie, son aînée de quelques années, ne rêve que d'une chose : trouver le salopard qui a fait ça, et le lui faire payer! Pourtant, Zelda a su trouver en elle l'énergie de dépasser sa paralysie pour retrouver le goût de la vie. Elle est une ado comme les autres, avec ses questionnements sans fin, ses fous-rires - si possible partagés avec les amis - et sa capacité à s'émerveiller du chant d'un oiseau ou d'un légume qui pousse...
Les deux sœurs vivent dans la maison de leur grand-mère décédée. En compagnie de Kathy, qui travaille dans la maison de retraite où Julie officie aussi comme aide-soignante. Et bientôt de Jocelyn, un homme au bout du rouleau qui retrouve peu à peu goût à la vie. Il faut dire que Julie a des apparitions, des sortes de prémonitions. Ce qui peut aider quand on cherche le co-locataire idéal. Ou bien bien le chauffard qui a condamné sa sœur à la paralysie.
Je n'en dirai pas davantage. Martine Pouchain a créé pour ses personnages un cocon où le lecteur, lui aussi, se sent bien. Contrairement à Anna Gavalda ou à Barbara Constantine qui frôlent souvent les bons sentiments, voire la mièvrerie, dans leurs livres-doudous, l'auteur brosse ici le portrait de deux jeunes femmes hautes en couleurs, aux partitions inversées. Zelda l'handicapée est bien dans sa peau. Julie se construit dans la haine et le désir de vengeance.

Autour des deux sœurs, Kathy, Jocelyn, Paul, Baptiste et les autres jouent parfaitement leur morceau : humains, tendres, cabochards et ambivalents à souhait. C'est rugueux et doux, à la fois. Drôle et déchirant, comme un film de Claude Sautet. On est amusé, touché, ému.

C'est une belle tranche de vie que nous offre ici la plume de Martine Pouchain. Une lecture comme un condensé d'émotions fortes qui marque pour longtemps.

Vous l'avez compris : un livre à lire, à offrir (les fêtes approchent..) et à faire connaître!

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9 décembre 2013

Lucia Holley vit avec son père et ses deux enfants au bord d'un lac. Son mari, Tom, est parti combattre dans le Pacifique. Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale et les tickets de rationnement obligent toute la famille à quelques sacrifices. Grâce à la précieuse Sybil, sa bonne noire, Lucia arrive à faire croire aux siens qu'elle est une ménagère attentive et douée.
L'histoire débute quand elle découvre que sa fille, Bee, s'est amourachée d'un individu peu recommandable. Individu qu'elle retrouve un matin empalé sur une ancre, dans un des canots, sous le hangar à bateaux. Persuadée que son père est impliqué et que le scandale guette, elle prend le bateau, et va cacher le corps dans les marais.
Cette action insensée va la propulser dans un monde jusqu'alors inconnu : celui de la pègre.

Coincée entre un maître-chanteur et un policier faussement débonnaire, Lucia se débat, s'agite, cherche des solutions, mais surtout, réfléchit à son rôle de mère au foyer, à ses choix de vie. Elle découvre aussi chez les autres femmes de la maisonnée - sa fille Bee, sa bonne Sibyl - des aspirations très éloignées des siennes qui lui révèlent son besoin d'indépendance.
Ce roman est intéressant à double titre. D'une part, l'action est bien menée, le suspens maintenu de bout en bout, sans que l'auteure se laisser aller à une complaisance morbide. La partie est finement jouée, qu'il s'agisse de la narration, ou de l'écriture. D'autre part, l'histoire de cette femme, confrontée à elle-même et aux attentes des siens, par le jeu des circonstances, trace l'esquisse de cette génération que la guerre va profondément faire changer. C'est un roman subtil, bien de son époque - d'aucuns le trouveront peut-être suranné.
Un extrait :
" Je suis désolée, maman, reprit Bee, d'un ton sec, comme à regret ; mais je ne suis pas comme toi. Je ne vais pas vivre comme tu le fais. Si on peut appeler ça vivre. Se marier à dix-huit ans, en sortant du lycée. N'avoir rien vu ni fait grand-chose d'intéressant. Aucune aventure, une existence incolore. Tu aimes sans doute te sentir en sécurité. Eh bien, moi, je ne veux pas être en sécurité."

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29 mars 2012

Voici une nouvelle aventure de l’inspecteur chinois Chen que je suis épisodiquement depuis quelques années…

Cette fois, l’inspecteur est en vacances à Wuxi, dans une résidence réservée aux hauts dignitaires. La résidence est bordée par un lac immense, réputé autrefois pour son eau limpide. Las, la Chine a bien changé et le lac miroitant est extrêmement pollué par les usines environnantes. Or, peu de temps après l’arrivée de Chen en ces lieux, Liu, le directeur de l’usine de produits chimiques n°1 est assassiné. Les soupçons de la police se portent aussitôt sur les activistes écologistes qui se battent pour faire diminuer la pollution. Parmi eux, la belle Shanshan que Chen a justement rencontré dans une petite gargotte et au charme de laquelle il n’a pas été insensible…


Comme toujours dans les romans policiers de Qiu Xiaolong, l’enquête se déroule doucement mais sûrement. Sensible à l’environnement et à ceux qu’il rencontre, attentif au moindre détail et capable de pousser un témoin dans ses retranchements, Chen sait mener son affaire de main de maître, sans faire trop de vagues ni froisser le pouvoir. Outre l’enquête que le lecteur suit avec plaisir, l’intérêt de ce roman réside aussi dans le portrait qu’il dresse de la Chine aujourd’hui : un pays en développement et en mutation, avec tout ce que cela suppose de ravages mais aussi de nouvelles perspectives.

Un bon polar qui devrait satisfaire pleinement les amateurs du genre.