claudialucia

http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/

Depuis mon apprentissage de la lecture, les livres ont toujours tenu dans ma vie une place immense. J'ai ouvert ce blog intitulé Ma librairie pour garder le souvenir de toutes ces lectures, des émotions ressenties, des récits, des mots et des phrases qui m'ont marquée.
Le titre de mon blog est un hommage à Michel de Montaigne qui aimait à se retirer dans sa librairie (au XVIème siècle le mot a le sens de bibliothèque), au milieu de ses livres.
La librairie de Montaigne était située au troisième étage d’une tour de son château qui figure dans mon logo. Là, il lisait, méditait, écrivait. Là, il rédigea Les Essais.
Pour moi, comme pour lui, les livres : “C’est la meilleure des munitions que j’aie trouvée en cet humain voyage”.

Conseillé par
21 octobre 2018

"Personne ne bouge", Olivier Adam

"Personne ne bouge" d’Olivier Adam est un adorable petit livre pour la jeunesse.

Ce roman, accessible aux jeunes enfants (ma petite-fille de 8 ans est en train de le lire), est bien ancré dans la société et le réel.
Le narrateur est Antoine, douze ans. Il vit avec sa mère, professeur, son père, chauffeur de taxi et ne nous laisse rien ignorer des difficultés, des disputes du couple souvent à son sujet ! Le jeune garçon n’aime pas le travail scolaire mais dès qu’il s’agit du surf, de la mer, il s’enthousiasme et sait tout sur son environnement, familier de l’estran, des végétaux et des bêtes qui y vivent.
C’est un enfant qui n’a pas d’ami si ce n’est son voisin qui fait semblant de ne pas le connaître au collège mais joue avec lui à la maison. On sent que le petit garçon est solitaire, un peu à part. Trop rêveur ? Mais Antoine a un secret, il est amoureux de Léa, la grande sœur de son copain, trois ans de plus que lui, jeune musicienne studieuse et mature qui ne les appelle pas autrement, son frère et lui, que « les nains ». Le dédain le plus complet !
Et dans ce monde bien réel, intervient le fantastique. Un jour, le temps s’arrête pour tous sauf pour Antoine qui contemple avec stupéfaction les gens figés dans leur dernier geste, les machines, appareils ménagers, ordinateurs, automobiles arrêtés, les oiseaux stoppés en plein vol et les vagues de l’océan suspendues en l’air… Antoine oscille entre crainte et émerveillement. Et cet arrêt du temps n’est pas unique. Voilà qu’il se reproduit deux fois, trois fois… Et un jour arrivera où ce sera la plus belle fois. Mais chut, je m’arrête là !

Si nous n’avons aucune réponse pour expliquer ce phénomène surnaturel (et pour cause !), d’autres questions se posent aux lecteurs : entre autres, celle du bien et du mal. Antoine prend conscience que tout lui est permis pendant ce laps de temps où il est entièrement seul et il commet quelques actes répréhensibles. Mais comme c’est un enfant gentil, cela n’ira pas au-delà de sottises de son âge.
Un petit roman (96 pages), bien écrit, dans un langue simple et poétique, une jolie histoire d'amour, un personnage qui n’a rien d’un héros, qui n’est pas parfait mais reste, au demeurant, sympathique ... et donc bien proche des jeunes lecteurs qui le découvrent dans ce récit.

Conseillé par
17 octobre 2018

Jusqu'au bout de la peur...

Moka a déjà été, avec sa soeur Marie-Aude Murail, une des auteures préférées de ma fille et avec ce roman "Jusqu’au bout de la peur" paru en 2004 mais republié à L’école des loisirs pour la rentée littéraire 2018, la rencontre avec une autre génération va être assurée.
Je l’ai choisi non seulement pour l'auteure mais aussi pour son titre car j’espère inciter à la lecture de livres pour « grands », Léonie, ma petite fille de 8 ans, qui adore se faire peur.

Après lecture, le roman, me semble-t-il, est encore un peu trop difficile, un peu long pour elle (217 pages), c’est pourquoi je le présente dès maintenant quitte à y revenir si elle parvient à le lire. En fait, il est destiné aux adolescents de 12-14 ans mais je pense que de bons lecteurs plus jeunes peuvent le lire à condition d’avoir le cœur bien accroché ! Courage Moussaillons !

Quentin, le grand frère, réfléchi et raisonnable, et Garance, la petite soeur intrépide, sont en vacances chez leur père divorcé. Ce dernier est parti faire les courses mais il tarde tellement que les enfants partent à leur recherche sous la pluie, dans l’obscurité. En vain. Cependant quand ils reviennent à leur maison, ils aperçoivent un mystérieux individu qui s’est introduit chez eux et fouille le bureau de leur père. Les enfants s’enfuient en bicyclette poursuivis par l’inconnu. Quand ils aperçoivent le vélo de leur père sur le bas côté, celui-ci ayant manifestement disparu, ils ne doutent pas que leur poursuivant l’ait tué. La course les mènera jusqu’à une barque qu’ils empruntent, voguant dans le marais poitevin inondé par les pluies torrentielles, l’assassin toujours à leur trousse sous les orages et les éclairs.
La première partie est très bien menée, c’est une course-poursuite haletante où comme les enfants, le lecteur n’a pas trop le temps de réfléchir et pense seulement à sauver sa peau. Tout en s’attachant aux personnages et en admirant leur courage et leur débrouillardise, l’on partage leur crainte, leur doute et leur peur.
La seconde partie en barque prend un autre rythme, forcément plus lent, celui de la barque qui avance, dévoilant, dans la nuit, à la lueur des éclairs, un paysage fantasmagorique envahi par l’eau de toutes parts, dont le silence est seulement interrompu par les bruits des oiseaux dans les arbres et le clapotis voire le grondement de l’eau près de l’écluse. J’ai pensé en lisant cette histoire : la fuite de ces enfants dans une barque, poursuivis par un tueur, leur rencontre avec une vieille dame protectrice... que Moka s’était inspirée du très beau film de Laugthon, "La nuit du chasseur".
Dans cette partie, Moka nous introduit dans ce paysage des marais poitevins si particuliers, nous initie au vocabulaire spécialisé des maraîchers qui y vivent. Toutes ces descriptions qui créent une ambiance étrange ne gênent par le suspense mais au contraire le rendent de plus en plus inquiétant. On imagine cette barque (la plate) perdue dans cette vaste étendue liquide, l'inondation gagnant aussi bien le marais mouillé que le marais sec, et les dangers que courent les enfants aux prises avec la nature hostile et avec un homme qui ne l’est pas moins. Heureusement la présence d’un petit chat sauvé des eaux vient un peu adoucir l’atmosphère ! Et puis, comme il se doit, le dénouement est heureux. Ouf !

Un bon thriller pour enfants donc, avec, de plus, la description d’une région très particulière qu’il est intéressant de découvrir.

Conseillé par
12 avril 2018

Le serpent de l'Essex de Sarah Perry

Le roman de Sarah Perry Le serpent de l’Essex n’est pas un roman fantastique contrairement à ce que le titre pourrait laisser à penser. C’est un livre qui explore les peurs ancestrales ancrées dans les esprits et qui resurgissent lors de périodes particulières à notre histoire. C’est l’analyse de la superstition toujours prête se réveiller et à embrumer les esprits même ceux des plus raisonnables. C’est l’éternel duel entre l’obscurantisme et l’esprit scientifique à cette époque victorienne où les découvertes des fossiles sur les plages de l’Essex (il est souvent question de Mary Anning qui a découvert les fossiles des dinosaures) viennent corroborer les thèses de Darwin et apporter la preuve scientifique de l’évolution des espèces. Les deux thèses sont portées dans le roman d’une part par Cora, naturaliste, et pas William Ransome, le pasteur, un homme de foi.
A ces thèmes passionnants s’ajoutent celui de la liberté féminine et du statut de la femme à l’époque victorienne. L’écrivaine veut montrer, à travers le personnage de Cora Seaborne, éprise de science et de paléontologie, que la société victorienne n’était pas aussi corsetée que ce que l’on veut bien le dire. Mais l’on ne peut s’empêcher de penser que si Cora est si marginale, si libre par rapport à sa classe sociale et son époque, c’est parce qu’elle a eu le bonheur de perdre son mari ! Et oui, elle est veuve et heureuse de l’être et riche ! Beaucoup de conditions pour gagner le droit d’être libre !
Enfin la misère sociale est aussi abordée par l’intermédiaire de la lutte contre les logements insalubres, sales, dégradés où s’entasse le petit peuple de Londres. C’est Martha, la gouvernante de Cora, issue du peuple, qui mène cette bataille avec argent du riche Spencer, amoureux d’elle !
SI j’ai bien aimé les personnages secondaires comme le médecin, Luke Garett , les enfants, Naomi, Jo, et Francis, et l’épouse du pasteur, Stella, j’ai été peu en empathie avec Cora Seaborne, qui m’a agacée. Et pourtant, elle est féministe, donc, elle devrait me plaire mais son désir de liberté s’accompagne d’une insensibilité à la peine des autres qui me choque. Quant à William Ransome, le pasteur, je n’arrive pas vraiment à le cerner. Je crois que ce qui me gêne, c’est le présupposé de l’écrivaine qui veut affranchir cette homme d’église des interdits victoriens à propos de la sexualité. Du ce fait, je n’arrive pas trop à croire en ce personnage parce que même à notre époque de liberté sexuelle un homme qui trompe sa femme mourante (et qu’il aime) sera tourmenté par la culpabilité. Je n’ai pas trop compris ce personnage.
Ce roman est donc très bien écrit, riche et souvent complexe au niveau de l’analyse psychologique et des sentiments. A priori, il avait tout pour m’intéresser. Mais, tout en reconnaissant ses qualités, je n’ai pu m’y investir totalement et je suis restée partiellement en dehors. Quelques longueurs, la froideur de l’analyse et ce désir de l’écrivaine de n’être pas là où on l’attend, en particulier pour l’histoire d’amour et la vision de l’époque victorienne, expliquent peut-être ce ressenti.

Conseillé par
27 mars 2018

La balade d'Asami

La balade d’Asami de Delphine Roux paru aux Editions l’Ecole des Loisirs est un charmant petit album qui s’adresse aux jeunes enfants.

La maman d’Asami n’a pas le temps de lui lire un livre. Comment la fillette va-t-elle s'occuper ? Nous la suivons dans la balade qu’elle fait avec son chien au cours de laquelle elle cueille des fleurs des champs, épis de blés ou feuilles de lierre. Mais que va-t-elle en faire une fois retournée à la maison?

Ma petite fille Apolline (8 ans) après m’avoir dit que ce livre était plutôt pour son petit cousin car le texte est court et très simple, a regardé avec moi ces pages joyeusement colorées et les a beaucoup aimées. Chacune de nous deux avait sa préférée : Pour Apolline c’était la bleue avec ses fleurs de lin et sa mésange, pour moi la rouge avec ses cerises et ses coquelicots.
Les illustrations de Pascale Moteki sont très douces et respirent le bonheur. L’esthétisme japonisant ajoute beaucoup de charme à l’ensemble.

Ce livre part d’une réalité quotidienne, une maman trop occupée … et dit que l’ennui n’est pas inévitable et qu’un enfant peut trouver des ressources pour ne pas s’ennuyer. Ici, c’est la beauté de la nature qui est reçue comme un cadeau. L’histoire parle aussi du bonheur familial avec la dernière image du papa et de la maman, d’ Asami et du bébé.
En bref, cet album est une agréable lecture à partir de 3 ans mais les plus grands peuvent aussi l'apprécier.

Conseillé par
13 mars 2018

On se revoit quand ?

Voici une fiche de lecture de ma petite fille Apolline qui va avoir 8 ans et qui est en CE1. Après son avis, je donnerai le mien :

Résumé d'Apolline :

Dunne est en CE1. Elle va avec sa classe au zoo de Skansen. Mais elle se perd et rencontre Ella Frida sa meilleure amie depuis la maternelle, qui est aussi au zoo avec son école. Ella Frida et Dunne ont été séparées car Ella Frida a déménagé et est allée dans une autre école. Elles jouent et ne se préoccupent pas que tout le monde les cherche. Quand on les retrouve les maîtresses sont en colère mais surtout celle d’Ella Frida. Quand Dunne rentre chez elle, elle se rend compte qu’Ella Frida est triste alors elle aussi est malheureuse. Quand se reverront-elles ?

Ma phrase préférée est : "On se revoit quand ?". C’est le titre qui est ma phrase préférée parce que cela a rapport avec le livre et cela montre que les petites filles s’aiment.

J’ai énormément aimé ce livre parce que c’est une très belle histoire d’amitié. J’ai aimé le zoo parce que l’histoire se déroule là.
L’histoire m’a fait penser à Olga et moi, parce que nous sommes les meilleures amies. Je l’ai connue en maternelle mais on n’est plus dans la même école depuis le CP. Mais on se revoit à mon anniversaire de toute façon. J’ai trouvé que l’écriture était facile et simple et j’ai bien aimé les illustrations parce qu’elles ont beaucoup de détails et les petites filles sont trop mignonnes.
********************************************************
L’avis de la grand mère : On se revoit quand ? fait partie d’un ensemble qui raconte l’histoire de Dunne et de son amie Ella Frida. C’est le dernier de la série qui commence avec l’entrée en CP dans Ma vie heureuse..

Le thème principal est l’amitié qui unit les petites filles mais il y a aussi celui de l’école, de la séparation, de la mort et du deuil (Dunne n'a plus de maman) et de la vie quotidienne avec ses petits bonheurs, ses contrariétés ou ses gros chagrins. Le papa de Dunne est sorti de l’hôpital où il est resté tout l’été à la suite d’un accident et, alors que sa petite fille est tout heureuse de l’avoir pour elle seule, il invite Eva, une infirmière dont il est tombé amoureux. Et ceci, juste au moment, où Dunne se fait tant de souci pour son amie Ella Frida qui a déménagé et semble très malheureuse dans sa nouvelle école ! Heureusement Dunne est une petite fille très aimée de son papa et tout va s’arranger pour sa petite amie.
Le texte est direct, accessible à des enfants entre 6 et 8 ans selon leur niveau de lecture. Il aborde les difficultés de la vie sans pathos, tout simplement, avec optimisme et il parle avant tout du bonheur. J’ai beaucoup aimé ce beau passage qui clôt le roman, où Dunne, avant de s’endormir paisiblement, réconciliée avec son papa et Eva, et heureuse de revoir bientôt Ella Frida, parle de bonheur avec ses cochons d’Inde :

« Si seulement, on savait à quel point on est heureux quand on est heureux, dit Dunne.
Les cochons d’Inde se regardèrent sans comprendre. De quoi parlait-elle maintenant ?
Les cochons d’Inde savent toujours à quel point ils sont heureux quand ils sont heureux. On le voit à leurs yeux qui brillent. «