Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Conseillé par (Libraire)
28 novembre 2022

LE GRAND ROMAN DE KHADRA !

Le nouveau roman de Khadra est superbe, épique et poignant.
Le narrateur, au seuil de la mort, va nous raconter son passé, emporté dans sa jeunesse par les traîtrises des notables, ballotté par les roublardises de la grande Histoire entre 1914 et les années 60, pris au piège de sa naïveté et de son honnêteté foncière. Il va nous emmener dans les tranchées de Verdun, au fin fond du désert algérien, à Oran et à Sidi Bel Abbès, pourchassé par celui qui n'aura de cesse de l'envoyer au bagne.
Le magicien Khadra nous ensorcelle à nouveau avec cette langue précise et pleine de poésie et nous conte le sort qui s'acharne, la misère des siens et la foi en la vie et en l'amour.
Un incontournable de cette rentrée littéraire !

24,00
Conseillé par (Libraire)
27 novembre 2022

Un 1er roman magnifique à la construction parfaite

Découvrir un nouvel auteur est toujours une expérience exceptionnelle dans mon parcours de lectrice ; j'ai eu le bonheur de trouver sur mon chemin ces jours derniers ce très beau roman d'un jeune auteur afro-américain entendu en septembre au Festival America.
Harris a situé son histoire dans l'Etat de Géorgie à la fin de la guerre de Sécession en 1865 et nous raconte l'histoire de deux frères, Prentiss et Landry, jeunes adultes esclaves jusque-là dans une plantation et qui décident d'en partir dès leur liberté proclamée.
Campant dans les bois tout proches, ils essayent d'imaginer ce que la vie va pouvoir désormais leur offrir et doivent tout d'abord trouver du travail mais aucun blanc ne veut embaucher les esclaves affranchis en les rémunérant.
La rencontre avec le propriétaire des terres où ils se sont arrêtés va bouleverser leur plan et leur vie.
George Walker vient, lui, de perdre son fils parti à la guerre. Empli de chagrin, la rencontre avec ces deux garçons va lui permettre de reprendre vie. Il va leur proposer de travailler ses terres en les payant car la confiance s'établit très vite entre eux. Mais dans un pays déchiré par 4 ans de guerre civile, la haine et le mépris des vaincus ne peut que se déchaîner sur ceux qui représentent un nouvel ordre des choses.
Les personnages, principaux ou secondaires, sont tous très bien dessinés. Le couple que forment Walker et sa femme, Isabelle, sont deux caractères riches et originaux.
La tension du roman va crescendo et le style de Harris d'une maturité impressionnante participe indubitablement au plaisir de lecture.
Racisme, égoïsme, étroitesse d'esprit et hypocrisie sont les maux qui vont accabler nos personnages, doués comme le phénix du pouvoir de renaître des cendres...

One-Shot

Delcourt

22,95
Conseillé par (Libraire)
14 novembre 2022

Un roman graphique intimiste et touchant

Avec ses couleurs sépia et son petit format à l'italienne intimiste renvoyant à l'album photo, le nouvel opus de l'espagnol Paco Roca nous convie à un voyage dans le temps.
Après nous avoir parlé d'un père disparu et de ses trois enfants adultes dans le bel album "La maison" (Prix Eisner en 2020 dans la catégorie "album international"), Roca revient sur la vie de sa mère, Antonia, à travers la (re)découverte d'une photo prise durant l'été 1946 à laquelle elle tenait beaucoup.
Se sentir rattaché à sa famille, à ses ancêtres, au passé et ainsi faire partie d'un tout sont des notions importantes pour l'auteur-illustrateur ; il le dit d'emblée dans les premières pages très originales.
Ce retour en arrière dans la mémoire familiale n'est en effet pas un simple prétexte à dessiner, il permet à Roca de lutter contre " l'oubli fatal qui s'acharne à gommer le passé ".
Il offre avec cet album non seulement un très bel hommage à sa mère mais également un témoignage sur une famille espagnole extrêmement modeste, sur une époque (l'après guerre civile) et une société rigide dominée par les hommes, les croyances et l'Église, sur l'éducation donnée aux filles privées d'école pour cause de travail domestique.
L' alternance des cases avec des illustrations pleine page et l'utilisation de la photo de famille comme fil rouge narratif créent un rythme dynamique au récit délicat et émouvant. Le dessin naïf et épuré de Roca sied particulièrement bien au thème et contribue au charme de cet album.

Conseillé par (Libraire)
14 novembre 2022

Un roman bouleversant et très fort, peut-être le meilleur de Collette !

Roman après roman, Sandrine Collette nous étonne, nous ensorcelle, nous subjugue.
Toutes ces sensations se sont renouvelées à la lecture de son nouveau roman, beau, inclassable, fort, peut-être son meilleur.
Liam, homme des bois n'étant jamais plus heureux que lorsqu'il part chasser dans les montagnes qui entourent sa cabane en bois, va finir par rencontrer lors de l'un de ses rares voyages en ville une jeune étudiante prénommée Ava. Le désir surgit et se consolide vite ; elle part vivre avec lui en acceptant d'affronter la solitude et la nature omniprésente.
Liam a alors 22 ans et a choisi cette vie d'ermite depuis deux ans déjà. Il vit de la chasse, revend les peaux des animaux qu'il traque et fréquente -rarement- ses voisins. Tout comme chaque membre de cette petite communauté de montagnards, il sait qu'il peut compter sur les rares habitants éparpillés dans la montagne en cas de problème.
Aru va naître et il est âgé de 5 ans quand Liam va prendre une décision qui va l'obliger à lever les yeux et à fouiller son âme.
Roman bouleversant, hymne à la vie sauvage, concentré d'émotions, ce livre est tout en tensions, jusqu'à la fin.

Conseillé par (Libraire)
14 novembre 2022

Sakura vit avec sa mère japonaise et son père français à Tokyo. Elle n'a que 5 ans lorsque sa mère est renversée par un véhicule.
Guillaume élève sa fille désormais seul. Il restent à Tokyo où Guillaume travaille dans une agence en tant qu'architecte mais ne voient pas la grand-mère maternelle de Sakura qui vit dans un petit bourg à la mer.
Alors que Sakura a 8 ans, Guillaume doit se rendre en Inde sur un gros chantier. Il décide de confier la fillette à Masumi, sa belle-mère, qui accepte bien volontiers, heureuse de pouvoir connaître un peu mieux sa petite-fille. Sakura redoute cette séparation car si elle a déjà rencontré sa grand-mère, elle n'en a qu'un vague souvenir.
Le séjour chez Masumi va permettre à Sakuro de soulager sa peine, de découvrir l'amour que lui porte sa grand-mère, la maison dans laquelle a grandi sa mère et les traditions de son pays qu'elle connaît fort mal car élevée à l'occidentale dans une très grande ville.
Sakuro va confier ses sentiments et ses impressions à un journal intime qui va également l'aider à mettre des mots sur son chagrin.
Cet album aborde le deuil chez l'enfant mais c'est avec une grande délicatesse aussi bien dans le texte que dans le dessin que Marie Jaffredo en parle. Il évoque aussi la façon dont les Japonais intègrent les morts dans une philosophie du Tout laissant ainsi leur mémoire se perpétrer dans ce qui les entoure.
J'avais déjà beaucoup apprécié l'album autobiographique de l'auteure-illustratrice paru en 2019 intitulé "Yuan, journal d'une adoption" dans lequel elle racontait l'adoption d'une fillette chinoise par son couple.
A lire dans la même veine : "L'été de la sorcière", roman de Kaho Nashiki paru aux éditions Picquier.