sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

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26 septembre 2012

Un père patron d'une concession Simca, une mère traductrice, deux fils, Vincent, 10 ans et Paul, 8 ans, une belle maison...En cette année 1958 où la France entre dans la Vème république, la famille Blick mène, à Toulouse, une vie paisible et heureuse. Mais le jour de l'adoption de la nouvelle constitution est aussi le jour terrible où Vincent meurt des suites d'une banale opération. La vie de Paul est bouleversée, ses parents peinent à surmonter leur chagrin. Une chape de plomb s'abat sur la famille. Privé de l'affection d'une mère qui n'est plus capable du moindre sentiment, Paul va grandir avec le son de la télévision pour remplacer les conversations, dans la France de de Gaulle, corsetée dans les traditions et les convenances. Puis le Vème république prend son essor, les présidents se succèdent et Paul prend son envol pour devenir un homme.

De de Gaulle à Chirac
De la nouvelle constitution à la dissolution
De mai 68 au 11 septembre
Du plein emploi à la crise
De l'enfant à l'homme fait
De la mort de son frère à l'effondrement intérieur de sa fille
De l'opulence aux huissiers
De l'homme au foyer au photographe globe-trotter...
C'est toute l'histoire d'un pays et d'un homme dans la deuxième moitié du XXème siècle que déroule cette "vie française". Avec drôlerie et tendresse, DUBOIS mêle les petites histoires et la grande Histoire et le lecteur, ravi, voit défiler les grands évènements qui ont marqué la France et les petites anecdotes qui ont marqué une famille française. Et bien sûr, on se reconnait forcément, on a vécu les mêmes choses, on retrouve le passé du pays avec nostalgie, on reconnait ses parents, sa famille, des comportements, des idées.
Une vie française est un livre à lire absolument. Il a la saveur des grandes oeuvres américaines mais avec un goût "bien de chez nous"!

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26 septembre 2012

New-York, 1936. Après des jours d'attente et d'incertitude, Ignacio Abel prend un train qui va le conduire à Rhineberg où un poste l'attend à l'université. Il a fui l'Espagne en guerre pour trouver refuge aux Etats-Unis où il espère bien retrouver la trace de Judith Biely, la femme qu'il aime et qui a été sa maîtresse à Madrid avant de disparaître.
Mais Ignacio n'est plus le même homme. L'architecte reconnu qui portait beau a cédé la place à un exilé aux chaussures élimées. L'époux respectable a laissé la place à un homme adultérin éperdu d'amour. Le père de famille a abandonné ses enfants dans un pays en guerre. Le démocrate, socialiste modéré a laissé tomber la guerre, les idéaux, ses amis, sa patrie pour chercher la sécurité des Etats-Unis.

Ignacio Abel, personnage central du roman, est un homme qui n'est jamais tout à fait à sa place. Enfant déjà, il était trop frêle physiquement et trop brillant intellectuellement pour suivre les traces de son père maçon. Plus tard, il se marie au-dessus de sa condition et doit composer avec une belle-famille dont il n'aime ni les idées ni les valeurs. Brillant architecte, il mène une vie bourgeoise en contradiction totale avec ses idées politiques et son milieu d'origine. Mais au-delà de cela, ce qui le caractérise vraiment, c'est son égoïsme abyssal et son aveuglement à tout ce qui l'entoure. Peu lui importent le désespoir d'une épouse folle d'amour, l'inquiétude d'un beau-père confiant, les craintes d'un fils bouleversé, peu lui importe même le chaos dans lequel son pays plonge peu à peu, Ignacio est tout à sa passion pour une jeune et belle américaine et sa seule obsession est de la voir encore et encore dans la miteuse maison de rendez-vous qui abrite leurs amours clandestines. Cette passion peut-elle excuser ses lâchetés, ses trahisons?
Quoi qu'il en soit, il est soit pathétique, soit énervant mais jamais attachant et j'ai vraiment eu du mal à suivre ses pensées tout au long du livre. J'ai peiné à le terminer, tant les 400 premières pages m'ont ennuyée. L'écriture d'Antonio MUÑOZ MOLINA n'y est pas étrangère d'ailleurs. Son souci du détail, même le plus infime, ses phrases longues comme un jour sans pain, ses descriptions cliniques de la passion amoureuse, ne facilitent pas la lecture. L'abandon rôdait mais j'ai bien fait de m'accrocher, les 350 dernières pages valent le détour. Et si Ignacio Abel reste un personnage peu sympathique, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour sa femme Adela et pour ses jeunes espagnols qui partent au front, idéalistes inconscients du danger, mal équipés et mal préparés face à l'armée de Franco prête à les décimer.
Bref, un avis en demi-teinte pour un livre assez difficile d'accès.

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26 septembre 2012

Alexandre Oulanov est un homme détruit depuis qu'au détour d'une rue un "ami qui vous veut du bien" l'a informé que sa femme a engagé un tueur à gages pour l'éliminer. La trahison de cette femme qu'il aime de tout son coeur est déjà synonyme de mort pour lui. Plus rien ne l'intéresse et même la mort violente de deux de ses collègues le laisse indifférent.
Anastasia Kamenskaïa, major de la police moscovite, partage un peu cet état d'esprit. Sa dernière enquête ne cesse de la hanter, elle a bien du mal à s'intéresser à son travail et son impossibilité à communiquer met son mariage en péril. Pour ne rien arranger une députée de la Douma est elle aussi assassinée et Anastasia déteste se mêler de politique.

Bien que dans cet opus, l'intrigue soit spécialement alambiquée, parfois à la limite du compréhensible, c'est toujours un plaisir de parcourir les rues de Moscou avec le major Kamenskaïa. Fidèle à elle-même, elle renâcle quand il s'agit d'accepter une enquête et elle s'épuise pour la mener à bien. Fatiguée rien qu'à l'idée de procéder à un interrogatoire, elle est d'autant plus démoralisée que son comportement l'éloigne de plus en plus de son mari. Taraudée par l'idée qu'il puisse envisager le divorce, elle trouve un peu de réconfort dans son travail et dans son amitié avec Tatiana, juge d'instruction et, secrètement auteure de polars. Avant qu'elles ne trouvent le fin mot de l'histoire, il sera question de manipulation, de solitude, de trahison et de la vie en couple.
Le fil de l'enquête n'est pas toujours facile à suivre mais cela reste un bon moment de lecture et la découverte de la police et de la justice russes.

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26 septembre 2012

Martha's Vineyard, été 1952. Un groupe de vingt hommes influents, noirs et blancs, se réunissent dans une demeure cossue de l'île. Ensemble, ils vont signer un pacte qui, à long terme, leur permettra de s'imposer à la tête des Etats-Unis.
Harlem, 1954. Eddie Wesley, jeune écrivain afro-américain, assiste aux fiançailles de Kevin Garland et Aurelia "Aurie" Treen. Elle a été sa petite amie mais lui a préféré le jeune héritier d'une des familles les plus riches et puissantes de Harlem.
Dépité, Eddie provoque une dernière scène avant de quitter la fête, furieux. En traversant un parc pour rentrer chez lui, il tombe sur un cadavre. L'homme est blanc, bien vêtu, et tient dans sa main et une croix inversée. Intrigué mais prudent, Eddie préfère quitter les lieux sans demander son reste.


Malgré ce qu'il croit, le jeune n'en a pourtant fini ni avec le cadavre, ni avec la croix, ni même avec Aurie.
Pour Eddie, la quête commence quand sa petite soeur disparaît et Aurie lui prêtera main forte, persuadée, dès son voyage de noces, que son mari est lié au complot.

A la fois intrigue politique, chronique sociale et grande histoire d'amour, ce Roman américain nous entraîne sur près de 600 pages dans l'Amérique des années 50, 60 et 70 mais vue du côté de l'"obscure nation". On y découvre une communauté noire très en vue à New-York et dans les grandes villes mais qui se bat ailleurs pour les droits civiques et se radicalise. On y rencontre des figures marquantes (Nixon, JFK, Hoover) et les évènements prégnants (guerre du Vietnam, Watergate, terrorisme) de l'histoire du pays.
Très instructif et documenté, on pourra reprocher à ce roman d'être un peu trop bavard. Stephen CARTER sait de quoi il parle et il étale des couches de connaissances. Par ailleurs, si l'histoire du complot réussit à tenir en haleine au fil des pages, cela retombe un peu sur la fin quand on en découvre la teneur. Et puis, son parti pris d'opposer les "caucasiens" à l"obscure nation", selon ses termes, finit par lasser et frôle, par moments, le racisme.
Il reste un suspense plutôt bien mené, une histoire d'amour qui traverse les années et un portrait minutieux des Etats-Unis.

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26 septembre 2012

Blessé par balle dans l'exercice de ses fonctions, le commissaire Charistos s'ennuie ferme pendant sa convalescence. Abreuvé de soupe aux vermicelles et nourri de volailles cuites à l'eau par une épouse aux petits soins qui en fait des tonnes, il n'a même plus la force de se rebeller contre ce régime spartiate et préfère déprimer en silence. Eteint, apathique, c'est tout juste s'il réagit aux conseils de Phanis, son futur gendre, cardiologue de son état. Pourtant, le flic sommeille toujours en lui et se réveille le jour où il assiste, horrifié, au suicide en direct à la télévision du prospère homme d'affaires Jason Phaviéros.


Dès lors, Charistos se donne pour objectif de comprendre les raisons de ce suicide spectaculaire. Déjà compliquée par le fait qu'il ne s'agisse pas d'un meurtre, l'affaire se corse encore après les suicides tout aussi médiatisés de deux autres personnalités publiques. Pressé par le ministre, le chef de la police demande à son commissaire, toujours en arrêt maladie, d'enquêter officieusement et lui adjoint l'agent Koula pour le seconder. Charistos, parfaitement rétabli de ses blessures et de sa déprime, est d'autant plus motivé que s'il échoue, il risque sa place au bureau des homicides.

Dépaysement garanti avec le commissaire Kostas Charistos! Exit les Erlendur, Fredrik et autre Marrti rencontrés au gré des polars scandinaves très à la mode et kalimera (oui oui je suis polyglotte) aux Jason, Xénophon et Polychronis! Finies les vastes étendues enneigées de Suède ou d'Islande et bienvenue dans les rues embouteillées d'Athènes, sous l'implacable soleil grec!
Sur fond de corruption, d'enrichissement personnel, de trafic d'influence et de xénophobie, Petros MARKARIS nous livre une intrigue efficace et bien rythmée qui trouve sa source dans le passé du pays, à l'époque de la junte. C'est avec plaisir que l'on suit son commissaire dans son enquête,dans ses soucis domestiques ou dans une Athènes transformée en chantier géant. Hauts en couleurs, très méditerranéens, ses personnages sont plus que sympathiques avec une mention spéciale pour Adriani, l'épouse de Kostas dont les défauts agaçants sont compensés par ses qualités de cuisinière qui donnent l'eau à la bouche.
En résumé, MARKARIS nous offre un délicieux polar non dénué d'humour, nous promène dans les rues d'Athènes et nous fait découvrir une page méconnue (de moi) de l'histoire grecque. Que demande le peuple?