Am Fred B.

Conseillé par
31 juillet 2021

Sources vives

Faut-il encore parler de Nature ? Les animaux ont-ils une histoire ? Comment concilier revendications sociales et luttes écologistes ? Qui décidera du monde de demain ?
Cette anthologie est un formidable « manuel de poche ». Toutes les sources de l’écologie sont ici : Darwin, Rachel Carson, Aldo Leopold, Arne Noess … Sources vives, qui, en irriguant d’autres disciplines – philosophie, sciences sociales et humaines, droit, littérature – forment ce que l’on nomme aujourd’hui « les humanités écologiques ». On trouvera donc des anthropologues, un paysagiste, un géographe, une écoféministe, un chaman, des écrivains, de toutes provenances. Un beau passage de relais pour illustrer le foisonnement d’une pensée et réfléchir à demain.
Frédéric

Pour en finir avec le mythe de l'Eden africain

Flammarion

Conseillé par
30 juillet 2021

Greenwashing ?

Attention : après ce livre, les documentaires sur les immensités sauvages, l'Afrique rêvée d'"Out of Africa" et la fable du "Roi lion" auront un arrière-goût de frelaté. Cet essai très clair a le mérite rare de briser nos certitudes. Nous, puissances coloniales, avons inventé en Afrique un Éden qui n'a jamais existé. Nous avons œuvré pour qu'il puisse advenir, au mépris des droits humains, dans les colonies et jusqu'à aujourd'hui. De respectables institutions internationales, telles que l’Unesco, la FAO ou le WWF, sont les agents de cette politique, en bonne entente avec certains régimes africains.
Alliant les observations de terrain à la recherche historique, Guillaume Blanc retrace l'histoire des parcs naturels africains -en Éthiopie notamment- et en fait l'exemple même d'un paradoxe : "préserver" un lieu et en bannir ceux qui l'ont forgé. Les agro-pasteurs qui ont façonné et protégé ces paysages en sont violemment chassés : la Nature n'est belle que si l'humain en est exclu...
Au-delà de cette injustice toujours renouvelée, Guillaume Blanc reprend une interrogation brûlante aujourd'hui, formulée notamment par l’anthropologue Philippe Descola : la nature est-elle séparée de l'humain? ou bien faut-il considérer l'humain comme partie prenante de la nature? Question cruciale. A ce titre, ce livre est dérangeant et salutaire.

Frédéric

Conseillé par
12 juin 2021

Jeu sérieux

Rappelez-vous : il fut un temps où la correspondance avait ses lettres de noblesses, où les recherches se faisaient en fouillant dans les bibliothèques. Le Tellier nous transporte dans ce temps lointain, délicieux et cruel.
Un chroniqueur gastronomique français a choisi le pseudonyme de Giovanni d'Arezzo ; un homonyme florentin lui écrit : et voilà lancée la machine littéraire !
N'oublions pas qu'Hervé Le Tellier est mathématicien de formation, membre de l'Oulipo où se pratiquent avec facétie les expériences littéraires ; qu'il fut l'inventeur d'un philosophe fictif, Jean-Baptiste Botul ; que son dernier roman, prix Goncourt, joue avec le réel ... Nous voilà avertis!
De fait, ce roman est tout en chausse-trapes, mais il se lit d'une traite car on se laisse piéger. Une lettre en appelle une autre, et l'on ne sait plus qui feint ou qui dit vrai -peut-être un mélange des deux?
C'est du sérieux : il y est question d'amour, d'enfance et de trésors cachés. C'est un jeu, mais le plus sérieux des jeux, celui de la fiction.

C'est intelligent, amusant et sensible.

Frédéric

Folio

5,70
Conseillé par
16 mai 2021

Chef-d'oeuvre

Pris dans les méandres de la justice ou d'une obscure hiérarchie, un homme tente de s'en sortir. Et si possible, de trouver du sens à tout ça. Nous l'observons se débattre, et soudain c'est nous, pris dans les pièges d'une vie faite de compromissions, de relations contrariées, et de questions sans réponses.
Un roman au retentissement incalculable, tout comme "Le château" qui semble lui faire écho.

Frédéric

Conseillé par
15 mai 2021

Souvenons-nous de la terre

Un homme au soir de sa vie, traversé par des fêlures anciennes. Il a 75 ans mais croit en avoir cent de plus, ou se prend pour un garçon de sept ans lové au creux d’un rocher. Il a longtemps sillonné montagnes et rivières, et même si le corps n’obéit plus tout à fait, il s’échappe encore pour rejoindre sa famille : les grizzlis. Les saules. Les étoiles. Les chevreuils et les galaxies. Et plus que tout : les oiseaux.
Présence au monde, autodérision et mélancolie se conjuguent dans ces poèmes d’une grande justesse, d’une merveilleuse sensibilité.
Vos côtoierez fauvettes, galaxies et dieux morts depuis mille ans, qui ne demandent qu’à ressusciter.
Vous apprendrez que les chiens n’aiment pas du tout qu’on se couche auprès d’eux pour les imiter.
Vous découvrirez « l’art sacré de la pause-bûche », et le remède souverain contre le mal-être : loger son esprit en haut des branches d’un arbre.
Le quatorzième et dernier recueil de poésie de Jim Harrison, qui donne envie de (re)lire les treize précédents.

Frédéric