Am Fred B.

21,00
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25 juin 2023

"Mais quoi, ce sont des vieux ! " - Vie et vieillesse d'un transfuge

"Jamais plus je ne serai un fils." C'est le retour vers le passé et vers les textes qui guide l'écrivain, lorsqu'il entreprend de raconter la fin de vie de sa mère en maison de retraite. De la mort, rien à dire. Mais toute la perplexité du philosophe et sociologue se concentre sur le brûlant et universel sentiment d'impuissance, de culpabilité et d'incompréhension face au phénomène du vieillissement, de la perte du moi, de la dissolution du corps et du sentiment d'appartenance à un "nous". Que reste-t-il des liens de famille quand on s'est construit contre son milieu d'origine ? Comment comprendre et prendre en compte la vulnérabilité et la dépendance tant qu'on n'en a pas fait réellement l'expérience ? Comment penser l'émancipation de personnes objectivées et infériorisées ? L'auteur du magnifique "Retour à Reims" renoue ici les fils des existences vouées au silence et à l'exclusion en donnant à entendre leurs paroles. Un miroir intime qui nous oblige à porter un regard éthique et politique sur un angle sombre de nos vies et de nos sociétés. Anne-Marie

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17 juin 2023

Je ne sais pas ce que je suis devenue

"Nul ne part de chez soi à moins que chez soi ne soit la gueule d'un requin". Le ton est donné. Warsan Shire, poétesse britannique née de parents somaliens, porte en elle des mondes et des voix venus de loin. Elle restitue, ou plutôt elle recrée, leur âpreté, leur étrangeté, semant ses textes de mots somalis ( traduits), d'images et de scènes troublantes. On voit les mères et les grands-mères, qu'elle observe avec tendresse et compassion ; les pères que la nostalgie dévore, les amants aux gestes violents. Une fillette, une ado, une jeune femme se construit entourée de ces figures, sous l’œil de la religion sévère. Pour affirmer sa féminité, on joue au chat et à la souris avec les interdits - si on peut, si on est né(e) au bon endroit. Un recueil court mais percutant, dense et riche.
Frédéric

Fleury cynthia

Équateurs

14,00
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8 juin 2023

Le charme du Je-ne-sais-quoi

" Ne manquez pas votre unique matinée de printemps ! " Fils d'immigrés juifs venus de Russie, le philosophe-musicien est né sous le double signe de l'irrémédiable et de la distance ironique. Cynthia Fleury nous accompagne ici dans la lecture du maître des nuances et des paradoxes, avec toute la joie et la mélancolie qu'on peut trouver dans chaque instant à saisir. C'est une invitation à faire l'expérience de notre finitude, et à la savourer à l'infini, pour la mettre à l'épreuve de notre courage et de notre liberté. Un exercice de responsabilité et de pur amour. Parce que philosopher, c'est apprendre à vivre ! Anne-Marie

José Corti

15,00
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6 juin 2023

Une maison nous attend quelque part

Joyau perdu et retrouvé, ce court texte attendait son éditeur depuis des décennies… tout comme l’étrange bâtisse qui est le cœur du récit. Qui n’a pas, un jour, entraperçu depuis la fenêtre d’un train un détail singulier du paysage ? Le narrateur de « La maison », lui, franchit le pas : il s’engage au fond des halliers touffus… Tout est fascinant et profondément ambigu dans ce récit. Julien Gracq joue avec les codes : le seuil qui ouvre sur l’ailleurs, la forêt sombre des légendes arthuriennes et des contes, la maison fantastique - mais pour les transformer et nous entrainer dans une expérience troublante.
Comme dans « Un balcon en forêt » ou « Le rivage des Syrtes », le géographe Julien Gracq expérimente la rencontre d’un personnage avec un lieu. Ces trente pages sont un concentré de sa prose, de ses obsessions. La langue somptueuse, d’une précision redoutable, attrape le lecteur et ne le lâche plus. Mystérieux désir…
Frédéric

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8 mai 2023

Chronique d'une défaite annoncée

Difficile d'aborder ce roman fascinant sans dévoiler son mystère : avant tout, l'énigme de cette voix qui raconte, et dont l'identité se dévoile peu à peu -jusqu'à un certain point.
On peut dire qu'il s'agit d'anticipation, peut-être dans quelques générations. Dystopie, et pourtant c'est notre monde, sans aucun doute. Vincent Message nous épargne tout l'attirail technico-scientifique à quoi se résume parfois ce genre de récit. Il ne bâtit pas laborieusement un univers : il nous propose simplement le nôtre, dans toute son ampleur. Et ce sont nos interrogations d'aujourd'hui et nos crises que le narrateur affronte : l'exploitation et l'effondrement du vivant, l'extractivisme, le pouvoir détenu par une minorité nantie et aveugle. Écologie, combats politiques et enjeux moraux sous-tendent une intrigue prenante dès la première page.
Le souffle de l'épopée et le murmure de l'intime se mêlent ici, la réflexion et l'imagination, le lyrisme et la rigueur d'une langue affûtée. Pour construire, en fin de compte, un parcours d'émancipation, difficile mais beau.