Dans l'antre de la folie

Nellie Bly

Glénat BD

22,00
Conseillé par (Libraire)
1 mars 2021

Une excellente BD qui fait découvrir une femme exceptionnelle !

Lorsque Mme Cochrane, une fois veuve et sans fortune, dut abandonner sa vie bourgeoise, sa fille aînée Elisabeth Jane, née en 1864 en Pennsylvanie, se fixa deux objectifs dans la vie : ne pas mourir de faim et rédiger des articles qui lui permettraient de vivre de sa plume tout en dénonçant le sort réservé aux femmes et au monde ouvrier (entre autres).
Signant sous le pseudonyme de Nellie Bly, Elisabeth Jane va se faire connaître bien au-delà des frontières de l’État de New York grâce à l’un de ses reportages « en immersion » dont elle a été pionnière. Un article sur l’établissement de sinistre renommée, l’hôpital psychiatrique de Blackwell, lui a été commandé par le directeur du grand quotidien le New York World ; elle va se faire passer pour malade afin d’y être recluse et rédiger ensuite une série d’articles sur la vie des femmes internées . C’est cette enquête incroyable que relate la BD.
Le découpage de la Bd alterne le récit à la première personne du passé douloureux de la jeune journaliste et le récit de son internement qui a duré 10 jours. Nellie Bly va dévoiler tout ce que ces femmes internées devaient subir : infirmières incompétentes et brutales, médecins totalement corrompus, humiliations, repas insuffisants, bains d’eau froide… On découvre avec effroi que beaucoup de ces femmes étaient enfermées par leur propre famille qui s’en débarrassaient ainsi si elles n’arrivaient pas à trouver un mari. D’autres, se réfugiant dans un asile pour les pauvres car sans ressources, finissaient aussi dans cet asile psychiatrique malgré l’absence totale de symptômes. Une fois internées, ces femmes n’avaient pratiquement aucune chance d’en sortir d’autant plus que les mauvais traitements finissaient par avoir effectivement raison de leur santé physique et psychique.
Le récit du calvaire des résidentes de Blackwell suscita énormément de réactions et permit une évolution dans le traitement des patientes.
On retrouve le trait rond et doux de Carole Maurel que j’avais déjà beaucoup apprécié dans la Bd intitulée « Collaboration horizontale » (parue chez Delcourt en 2017). Cette douceur du trait ne masque toutefois pas les tensions dramatiques du récit. Un très beau roman graphique sur une femme exceptionnelle !

Tous les conseils de lecture