Rosa candida, Roman

Auður Ava Ólafsdóttir

Zulma

  • 22 mars 2011

    Un roman lumineux

    Je dois avouer que j’avais une petite appréhension à la lecture de ce roman, raison pour laquelle j’ai mis six mois à l’ouvrir malgré tous les éloges lus sur le web à son sujet. Je redoutais en effet cette mort accidentelle de la mère du narrateur dont il est fait mention sur la quatrième de couverture. Ce fut un tort car si effectivement cette amoureuse de la vie expire un beau jour au bord de la route, le récit ne verse pas un seul instant dans le pathos, il reste tout en retenue, en poéticité. Et l’essentiel du propos n’est pas là.

    - Cette mère si aimante a légué à son fils son amour pour le jardinage, mais aussi son amour pour la vie et ses beautés inattendues. Le narrateur mène sa vie telle qu’il l’entend, une force le pousse invariablement vers ce qu’il aime, comme auréolé par l’esprit de sa mère. Il s’accroche à ce qu’il sait et croit vrai et laisse le reste libre de l’approcher ou pas. Une belle philosophie qui lui évite de trop lourdes réflexions qui le mèneraient vraisemblablement dans une impasse…
    - Ce beau roman nous offre une vision touchante du couple, de la paternité et des aléas de la vie auxquels on s’adapte, tant bien que mal :

    « Comment savoir si une femme vous aime ?

    - Il est difficile d’être sûr de quoi que ce soit en amour, dit l’abbé en poussant la poupée vers l’enfant.

    - Et si une femme dit qu’elle a peur que l’homme ne revienne pas quand il va faire une course ?

    - Alors il se peut que ce soit elle qui ait envie de partir seule.

    - (…)

    - Et quand une femme a l’esprit ailleurs, est-ce que cela veut dire qu’elle n’est pas amoureuse ?

    - Cela peut vouloir dire ça, mais aussi qu’elle est amoureuse.

    - (…)

    - Il n’y a pas d’amour raisonnable. Si l’on vivait une vie de seule raison, on raterait l’amour, comme il est dit, ici, quelque part. » (p. 316)

    - J’ai particulièrement aimé le personnage du moine qui puise tout son savoir dans les films d’art et d’essai qu’il regarde chaque soir…


  • Conseillé par
    16 janvier 2011

    De la simplicité nait la beauté...

    Difficile de cesser pour un moment d'être un lecteur critique qui analyse chaque phrase tout en avançant dans le récit... Et pourtant ce petit miracle arrive quelquefois. On se laisse emporter par l'histoire et les pages défilent dans un absolu bonheur. "Rosa candida" a eu cet effet sur moi. Je savais par le bouche à oreille que ce roman avait plu à beaucoup mais je m'étais gardée de lire le moindre article à son sujet. C'est donc sans aucun a-priori que j'ai suivi le héros Arnljotur de sa lointaine Islande à ce que j'imagine un monastère italien. Le seul indice qui permette de situer l'action en Italie est l'amaretto et comme l'auteur nous laisse libre de la géographie : je décide que sa terre d'élection est ce pays que j'aime tant . Arnljotur, surnommé Lobbi par son père, a rejoint ce monastère car s'y trouve une roseraie magnifique, une référence dans tous les manuels d'horticulture, presque une légende. Sa mère, décédée un an auparavant dans un accident de voiture, avait la passion des roses et était parvenue à acclimater une rose au rude climat islandais : une rose d'une espèce unique que son fils veut planter dans "ce jardin extraordaire". Il quitte l'Islande, son père âgé, son jumeau autiste et Flora Sol, le bébé né d'une étreinte furtive avec Anna, l'amie d'un ami. Il a vingt-deux ans et ne sait plus où il en est.

    Engagé comme jardinier au monastère, il rend jour après jour à la roseraie sa beauté d'antan . Il débroussaille, ordonne aussi bien au propre qu'au figuré. Ce séjour à l'étranger lui permet de faire le point, de mettre de l'ordre dans son esprit confus. Frère Thomas, un moine cinéphile l'aide à sa façon. Il a toujours un film d'art et d'essai qui répond aux questions que se pose notre jeune homme ! Survient dans sa paisible retraite Anna et Flora Sol... La jeune maman voudrait confier à Lobbi leur petite fille, le temps pour elle d'achever son mémoire sur la génétique.

    L'air de rien avec une délicatesse infinie, Audur Ava Olafsdottir nous parle du sens à donner à notre vie, de la mort et de l'absence, des différences qu'il faut savoir assumer, de la difficulté de grandir et de trouver sa place dans la société. Le style n'est pas immédiatement remarquable mais parfois de la simplicité nait la beauté.

    Cette roseraie imaginaire va occuper une place de choix dans ma mémoire. D'ailleurs, il me tarde déjà de me promener dans ma pépinière préférée histoire de trouver ma Rosa candida, celle qui m'attend, celle qui va s'épanouir dans un massif de mon jardin.



  • Conseillé par
    1 octobre 2010

    Arnljótur a perdu sa mère dans un accident de voiture. Passionné des fleurs comme sa mère, il décide de partir de la maison même si son père voudrait qu’il poursuive des études. Arnljótur , ce jeune homme de 22 ans et déjà jeune papa veut aller restaurer une ancienne roseraie. Partir du cocon familial, c’est laisser son frère jumeau autiste et son père.

    Contrairement à toutes celles et ceux qui l’ont lu, j’ai eu un peu de mal au tout début à rentrer dans ce livre. A la lecture des premières pages où le père d’Arnljótur le questionne sur la façon de cuisiner un plat, je me suis demandée où j’allais…En fait, il n’y a aucune question à se poser, il suffit de se laisser imprégner par les mots. Ce livre est une initiation à la vie d’adulte pour Arnljótur. Ce jeune adulte qui se pose des questions sur la mort de sa mère, sur sa petite fille âgée de 7 mois conçue par inadvertance, sur son rôle de père…
    Sans trop en dire, Arnljótur va faire des rencontres mais surtout il deviendra vraiment un adulte en arrivant à une forme de plénitude. Le tout est écrit sur fond de fleurs, de recettes, de l’importance de la famille et de simplicité de la vie. Et ce sont autant de petits moments simples qui font le ravissement de ce livre ! Un coup de cœur pour le personnage du papa qui est aimant, proche de ses enfants, très attentionné … une crème !
    Une lecture « bonheur » qui m’a touchée… mais ça, je pense que vous vous en doutiez.