Petites scènes capitales

Sylvie Germain

Albin Michel

  • Conseillé par
    11 décembre 2013

    " Petites" et "capitales", ces deux mots contradictoires du titre collent parfaitement à ce roman où Sylvie Germain nous décrit des scènes de la vie de Lili. Des moments capturés sur l’instant qui l’ont marquée, façonnée. Fillette, Lili n’a que pour souvenir de sa mère qu'une une photo en noir en blanc. Elle vit seule avec son père sans effusion débordante de sa part, souvent le silence entre eux. Ce silence qui amène à Lili à se poser des questions, à laisser son imagination vagabonder. Son père rencontre Viviane déjà mère de trois filles et d’un garçon. Lili cherche sa place dans cette famille recomposée mais ne la trouve pas. Le greffon n’a pas pris, elle reste une étrangère. Son père semble plus proche de ses belles-filles et admiratif d’elles plus que de sa propre chair et de son propre sang.

    Une Lili meurtrie et adolescente qui clame désormais que l’on appelle par son premier prénom Barbara. Pourquoi son père a t-il fait le choix de vouloir noyer ce prénom ? Les drames de la vie inattendus se jouent créant des pertes et des douleurs. Mai 68 marquera l’émancipation de Lili Barbara. Voler de ses propres ailes encore froissées pour les déployer. Le temps s’égrène et sa partition aussi : Lilli Barbara devient une femme, une adulte.

    L’écriture de Sylvie Germain est toujours aussi sublime, d’une richesse où les mots sont calibrés. Elle nous entraîne dans le sillon de sa plume poétique et puissante pour nous parler de la vie : l’amour, les joies, les souffrances, la quête de soi, la mort, les questionnements et tous ces moments épars que l’on porte en nous. Juste un bémol : il m’a manquée les émotions plus brutes ressenties au cours des lectures des autres romans de cette auteure.


  • Conseillé par
    27 septembre 2013

    Petites scènes

    Sylvie Germain nous livre dans ce roman une suite de petites scènes de la vie de Liliane. Des scènes capitales, celles qui rythment sa vie. Peu importe les entre-deux, l’auteur se concentre sur ces tranches de vie qui sculptent l’héroïne. Moments cruciaux rarement heureux. Les morts s’enchaînent.
    Une vie de rebondissements négatifs en quelque sorte que l’on a du mal à croire tant ils sont accumulés, accolés les uns aux autres. Une vie pourtant et le bonheur d’être en vie.
    D’une écriture recherchée Sylvie Germain nous dresse le portrait d’une génération d’après guerre où mai 68 laisse une emprunte libertaire et des slogans révolutionnaires.

    A trop passer sur les détails pour se concentrer sur l’essentiel on perd un peu de l’essence du personnage. Pourtant l’auteur n’est pas exsangue de réflexion. L’ensemble du récit est indirect, pas de dialogues, tout se passe à posteriori et l’emploi de la troisième personne nous rend extérieur au récit. Spectateur d’une histoire qui traverse les années.

    Un roman magnifiquement écrit qui nous conte la vie d’une héroïne singulière mais finalement peu attachante. Une ode à la vie et à l’amour qui passe par la mort et nous invite à découvrir l’histoire d’une génération.


  • Conseillé par
    18 septembre 2013

    Le titre de ce roman est fort bien choisi, les petits scènes sont celles que notre mémoire conserve. Ce ne sont pas forcément les plus marquantes, pourtant ce sont celles qui surgissent par fragments lorsque nous cherchons un fil rouge à notre vie. Nous suivons Lili de son jeune âge à la maturité. Petite fille, elle vit seule avec son père Gabriel, sa mère les a quittés lorsqu'elle était bébé. Elle n'en sait quasiment rien, son père lui a seulement annoncé un jour qu'elle s'était noyée.

    Lili avec pour seul viatique le souvenir d'une vieille photo noir et blanc de sa mère va se construire bancale autour de ce manque. Le père, avare de paroles, amène un jour à la maison une nouvelle femme, Viviane, avec ses quatre enfants, trois filles et un garçon. Le changement sera radical et Lili devra composer avec cette famille bricolée.

    Je pourrais continuer à égrener les évènements qui jalonnent la vie de Lili, qui découvrira qu'elle se prénomme en réalité Barbara, mais ce qui compte avant tout dans un roman de Sylvie Germain c'est l'écriture, splendide, son amour des mots rares, sa capacité à saisir les moments lumineux, le questionnement sur la vie, l'avant, l'après.
    Lili/Barbara sera hantée longtemps par l'opacité qui entoure la disparition de sa mère, elle n'arrivera jamais réellement à se situer dans cette famille, d'autant plus qu'un évènement tragique va la faire basculer et la disloquer durablement. Le salut sera peut-être dans la fuite, l'époque y contribue, les utopies de mai 68 explosent et l'entraînent dans leur sillage.

    Mélange de moments réalistes et de fulgurances, le roman tisse l'histoire de Lili/Barbara avec une richesse de réflexions et de sensations incomparable. Une réserve cependant. En ce qui me concerne, la beauté de l'écriture a parfois fait écran à l'émotion. Si j'ai bien saisi la détresse de la petite fille en quête de mère, j'ai trouvé l'adulte bien lointaine, moins incarnée.