Michel Strogoff

Jules Verne

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    19 mai 2010

    Nous sommes en effet entre les 19ème et le 20ème siècles lorsqu’au cours d’une réception au sein d’un palais moscovite, le Tsar lui-même apprend que des hordes venues d’Asie s’apprêtent à envahir la Sibérie, menaçant ainsi l’intégrité d’un empire réputé imprenable. Si les dirigeants soviétiques ne s’inquiètent pas outre-mesure en ce qui concerne la pérennité de leur nation, ils redoutent en revanche les probables massacres civils et l’assassinat du frère du Tsar, car un traître animé par la revanche et la honte, Ivan Ogareff, a juré la perte du Grand Duc.

    Bien que l’issue finale d’une confrontation militaire tournera inéluctablement à l’avantage des forces armées russes, il faudra en effet des mois avant que le gros des troupes soviétiques n’atteigne les champs de bataille, et il sera trop tard pour sauver le haut-dignitaire sibérien. Une solution reste encore possible, envoyer une sorte d’agent secret, un courrier, qui devra seul franchir les lignes ennemies et délivrer son message.

    Globalement, ce roman étonne, notamment par son ton sombre et parfois larmoyant, mais aussi et surtout par l’absence d’événements fantastiques pourtant si caractéristiques de l’œuvre plutôt copieuse de Verne. Mais bien que publiée relativement tardivement (en pleine époque des 500 Millions de la Bégum), cette aventure ne s’avère au final pourtant pas réellement dépourvue d’ingrédients surnaturels, tant l’on y remarque assez rapidement une sorte de glorification de la puissance physique et morale inhérente à certains êtres humains, ici incarnée par le sibérien Michel Strogoff, un homme au courage et aux forces musculaires et mentales tout bonnement extraordinaires.

    De plus, les compagnons d’infortune du rugueux émissaire russe (une présence et un témoignage du voyage habituels dans l’œuvre globale de Verne) semblent eux aussi disposer de qualités humaines sans failles. Restent malgré tout les nombreuses et classiques descriptions des paysages, faunes et flores locales pour nous rappeler à quel point Verne maîtrisait son sujet et aimait partager avec ses lecteurs les richesses géographiques de notre belle planète.

    Notons également qu’en dépit de cette impression de force presque tranquille dégagée par ce gigantesque empire ainsi que par ses sujets, il semble impensable de voir ici un quelconque rattachement aux théories marxistes alors naissantes, tant règne dans ce roman une atmosphère foncièrement apolitisée, à des années lumières des 500 Millions de la Bégum par exemple.

    Une critique des LecteursCompulsifs.com