La voix singulière de Fabrice Humbert

Écrire « le monde n'existe pas », le redire infiniment comme une litanie et faire résonner le glas de nos espérances, c'est poser un énoncé qui existe en sursis sous la plume des écrivains. D'un roman à l'autre, Fabrice Humbert s'ingénie à le réinventer. Avec sa géographie fictionnelle, ses « héros » médiocres ou flamboyants, cruels et violents, cyniques et désabusés, à la dérive ou en quête d'harmonie, ses espaces lointains ou familiers, fragmentés et recomposés, ses filiations électives ou effectives, un monde se dessine sous les yeux du lecteur, dans un style tour à tour lyrique et laconique, ironique et empathique. Telles furent alors les multiples facettes de l'oeuvre polyphonique de Fabrice Humbert qu'il s'est agi d'explorer et de comprendre, afin d'en saisir et d'en transmettre l'exceptionnelle densité, la voix singulière. Auteur d'une soixantaine d'articles sur le roman du XIX e siècle (sur l'oeuvre de Balzac en particulier) et d'une trentaine d'articles ou de conférences sur les XX e et XXI e siècles ainsi que de six essais critiques, Aline Mura Brunel a également assuré la direction de huit ouvrages collectifs. Ses recherches portent depuis près de quarante an s à la fois sur la littérature romanesque du XIX e siècle (sur Balzac mais aussi sur Benjamin Constant, Madame de Staël, Tocqueville, Stendhal, Musset et des écrivains de la fin du siècle) et sur celle des XX e et XXI e siècles (de Louis René des Forêts à Fabrice Humbert, en passant par Marguerite Duras, Pascal Quignard et Patrick Modiano). À la faveur d'analyses ponctuelles ou globales, elle s'est efforcée de dégager une spécificité de l'écriture romanesque et de transmettre au lecteur s a passion du langage et de la littérature.