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8 avril 2010

Un livre pour les amoureux du cinema

"Dans son existence, chacun a plusieurs vies. J'en ai eu au moins deux, ma vie biologique et ma vie cinématographique...elles se rencontreront et, faisant mieux que s'équilibrer, elles se nourriront l'une de l'autre, telles des sœurs jumelles."

Il y a les souvenirs, d'avoir côtoyé les plus grands cinéastes. Il y a les artistes et leurs caprices: les frasques de Depardieu, les angoisses de Lars Von Trier, la mégalomanie de Coppola, l'égocentrisme d'Adjani.

Il y a les coulisses de Cannes, Les délibérations de la Villa Doumergue, les tractations, les décions autoritaires, les films en débats. Un palmarès dont on se rend compte qu'il est surtout lié à la personnalité des membres du jury et du président ( Polanski a été particulièrement habile dans ce rôle). Roberto Begnigni qui feignant de n'etre récompensé que du grand prix jury, monte sur la scène en criant qu'il a obtenu la palme d'or. Palme d'or qui revient cette année là Angelopoulos. Tout le monde n'a pas le talent d'être comédien ou de s'appeller Roberto Begnigni.

Il y a les disparus, figures mythiques d'un cinéma d'une autre époque: Pialat, Truffaut, Toscan du Plantier. Et puis derrière ce cinéma, il y a la vie de Gilles Jacob. Famille d'industrielle, beaux quartiers, et puis la guerre. Les angoisses qui se rappelleront toujours à vous et qui marqueront profondément un être qui n'a pas été touché directement dans sa chair mais qui aurait pu comme d'autres être envoyé au Vel Hiv'(On connait la suite...).

Le destin d'un homme qui a rêvé sa vie et dont la vie est passée comme un rêve. Gilles Jacob est Président du festival de Cannes. Derrière l'écriture, apparait le portrait d'un homme discret, raisonnable, qui respecte les gens et qui aime profondément malgré leurs caprices les réalisateurs et les acteurs. Une exigence de servir le cinéma plus que de se servir lui même du 7 eme art, une envie de donner à voir une réalité que les magazines people tronque volontairement pour faire vendre, une passion et une aptitude à la transmission:

"J'aimerais que ... un étudiant des futures générations vienne feuilleter ces archives, histoire de flairer à quoi ont pu ressembler toutes ces années, ces temps inconnus".

Certains cinéastes aigris voient Cannes, comme un marché: les industriels auraient tué le cinéma. Mais Cannes ce n'est pas qu'un marché, c'est aussi le point sur l'état du cinéma dans le monde. C'est voir Lars Von Trier envoyé promener un journaliste qui lui demande d'expliquer son film, c'est partager la joie de Tarantino, venu comme un enfant les yeux grands ouverts profiter au maximum de cet événement unique au monde.

sur les routes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine

Points

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8 janvier 2010

un essai humaniste

Il n'y raconte pas la guerre, il la vit et la partage avec nous lecteur. On y côtoie des cadavres parcequ'il n'existe pas de guerre propre, on vit au rythme des bombardements. On croise sur notre route, différents personnages.

Les miliciens croates ou serbes sont d'une déconcertante légerté. Ils sont souvent jeunes, avec une envie d'en découdre. Certains parfois viennent de loin (ex: Autralie), anciens légionnaires, ils n'auraient pas manquer cette guerre moderne pour rien au monde.

Ils égorgent, torturent, assassinent, violent, mangent et boivent dans l'ordre que vous voulez. Les capitaines de ces petits escadrons mobiles ne sont pas plus réjouissants: le capitaine Dragan après avoir fait tuer tous les ours de Plivice en a cependant conservé un, qui aime à bondir sur tout étranger.

Les diplomates français n'ont pas plus le beau rôle. Pétris de certitudes, ils analysent le conflit souvent bien loin de la réalité du quotidien des populations qui souffrent.

On y découvre également des destins individuels: croates, serbes qui témoignent de l'absurdité des combats. On y aperçoit des prisonniers d'une autres époques et des images dont on a cru qu'elles étaient définitivement retournées aux oubliettes de l'Histoire: "des corps casés, trébuchants, tremblants de froid".

"Il des guerres comme un incendie allumé par des mômes rageurs, une couverture aurait suffi pour l'éteindre le premier été, quelques canadair aurait suffi quelques mois plus tard. Désormais, il faudra attendre que les dernières poutres se consument pour s'apercevoir que les haines ethniques n'étaient pas plus vives ici que dans les pays voisins. Au delà des degrès de violence, la guerre vit dans une sorte d'autarcie mentale.

Jean Hatfeld dit ces étincelles qui déclenchent la foudre. Il relate des situations absurdes. Celles où un jour des combattants ne savent même plus qui ils combattent, ou encore des ennemies de combat qui mangent dans un meme hotel un soir.

Et puis, il y a les enfants, le secret des gamins. "Ces gamins de la guerre qui ne parlent plus aux adultes. Ces enfants de la guerre, ne sont pas des adultes miniatures. Ni enfants, ni adultes, ils ne peuvent plus communiquer qu'avec leurs pareils. Lorsqu'ils ne jouent pas à la guerre, ne parlent pas de leur guerre, ils attendent. Maitres du présent, il l'enfouissent dans eux mêmes."

Certains passages sont durs, mais cette réalité est toujours décrite avec une certaine pudeur. Il est rare de trouver autant d'humanisme dans un essai qui semble vouloir deconstruire l'homme pour mieux le racheter.

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