-
Conseillé par Laurence G. (Libraire)17 janvier 2023
Un très beau roman sur l'ostracisation des Japonais canadiens dans les années 40
Le tout nouveau roman de l'auteure, journaliste au Monde, entraîne le lecteur dans une période sombre du Canada, pendant la guerre américano-japonaise, celle du bannissement du droit à la citoyenneté des Japonais et des américains d'origine japonaise.
1926 : une fois arrivées au Canada, pour Aika et Kiyoko, futures mariées qui ont sympathisé durant le voyage éprouvant qu'a été le leur, les désillusions vont être à la hauteur des espoirs que cette nouvelle vie devait leur apporter.
Aussitôt arrivées, les deux jeunes femmes vont être séparées mais ne vont toutefois pas baisser les bras ; on suit les aléas de leur installation, la naissance de leurs enfants et leurs retrouvailles. Alliées dans l'infortune, elles commencent à s'installer dans une vie meilleure lorsque les premières lois concernant l'ostracisation des Japonais et de leurs enfants nés pourtant canadiens apparaissent.
1956 : Parallèlement à l'histoire de Aika et de Hannah, sa fille, on va découvrir un autre personnage, Jack. Patrouilleur de rivières pour le compte du gouvernement, il doit recenser le nombre de poissons sur un secteur donné afin d'établir les quotas de pêche. Il a choisi la solitude et la vie dans la nature. Il traîne avec lui une douleur sourde liée à son histoire familiale.
Les destinées de ces personnages vont se percuter. L'intensité dramatique est présente tout au long de ce livre magnifique qui relate de façon romancée le calvaire vécu par la communauté japonaise mais également la force de caractère de personnages exceptionnels. Alternant les époques et les points de vue, Marie Charrel a construit une histoire prenante qui se base sur des faits historiques. -
Conseillé par Alex-Mot-à-Mots12 juin 2023
Canada, légendes
Je savais que les japonais émigrés aux Etats-Unis avaient été parqués le temps de la seconde guerre mondiale, j’ignorais qu’il en fut de même au Canada.
J’ai eu de la peine pour Aika, jeune japonaise qui débarque au Canada pour se marier avec un homme qu’elle ne connait pas. Le bateau qui la transporte est rempli de ces femmes. Mais j’ai aimé son courage tout au long de sa vie.
J’ai aimé son amie de voyage Kiyoko, une femme pragmatique qui ne souhaite pas vraiment se marier mais plutôt devenir indépendante dans ce nouveau pays.
J’ai aimé sa fille Hannah, bilingue et avide des histoires de son père qui lui raconte les légendes japonaises.
Je suis restée un peu plus distante de Jack, le creekwalker solitaire dont la mère adoptive appartient à la nation autochtone tsimshian.
J’ai appris que les immigrés de la première génération étaient appelés les Issey, et la seconde les Nissey.
J’ai aimé découvrir l’écosystème du saumon en Colombie-Britannique : les ours et les loups s’en repaissent, mais aussi les mousses des rives et les herbes qui absorbent les minéraux des carcasses, les mammifères se nourrissent des herbes, ainsi que les insectes.
J’ai découvert l’AEL : l’asiatic exclusion league qui pourchassait les japonais et les terrorisait. Mais j’ai aimé que certains personnages se rebiffent et fassent croire que l’armée du Japon, s’était eux.
J’ai aimé les contes et légendes, notamment celle de l’ours blanc, racontées dans ce roman en plus du récit initial.
Quelques citations :
Le désir des hommes est insatiables, et nous avons du pouvoir sur eux. Voilà pourquoi j’ai ouvert un bordel plutôt qu’un restaurant : j’y gagne beaucoup plus d’agent. Ici, j’ai du pouvoir. (p.103)….
l’obscurité ne tuait pas la lumière. Elle la révélait. Les souffrances et les deuils, les blessures que lui infligeaient la vie, ses propres faiblesses et échecs ne rendaient que plus intenses et précieuses encore l’étincelle qui brûlait en lui. (p.109)
Pourquoi tu penses que les Japonais réussissent si bien dans le commerce ? Pas parce qu’ils sont plus doués avec l’argent, loin de là, mais grâce aux femmes qui, dans les arrières-boutiques, tiennent les compte et gèrent les relations avec les fournisseurs. (p.118)
L’image que je retiendrai :
Celle du père de Hannah lui racontant la légende des mangeurs de nuit qui donne son titre au roman.
-
Conseillé par Nolwenn P. (Libraire)24 février 2023
Une pépite , magnifique!!
L'auteur nous emmène en Colombie britannique des années 1920 à l'après-guerre. Sur fond de racisme envers les Japonais on retrouve Hannah qui est une Nisei, une fille d’immigrés Japonais. Bercée de contes nippons pendant son enfance elle se sent malgré tout canadienne.
Jack lui est un creekwalker, il veille sur la forêt et sur les saumons qui parcourent les cours d'eau. Il aime la nature et les contes des autochtones. Ces deux personnes que tout opposent vont se retrouver intimement liés l'un à l'autre.
Contes japonnais et légendes canadiennes se lient dans une ode à la nature sublime et à la fraternité. Marie Charrel a une plume unique et nous fait voyagé en nous subjuguant.
-
Conseillé par Virginie S. (Libraire)19 janvier 2023
Les mangeurs de nuit- Marie Charrel
Jack est un screenwalker, il parcourt les forêts et compte les saumons dans les rivières de Colombie-Britannique pour l'Etat canadien. Solitaire, il évite le contact des hommes qui l'ont souvent déçu, préférant la compagnie de ses deux chiens et de ses souvenirs d'enfance passée auprès de son frère, mort à la guerre. Mais l'ordre des jours est troublé lorsqu'il découvre une jeune japonaise blessée et sans connaissance, vraisemblablement attaquée par un ours. Pendant de longues semaines Jack va prendre soin d'elle et tenter de la ramener à la vie. Il va comprendre qu'Hannah s'est échappée d'un camp de détention et qu'elle porte en elle une histoire faite de ruptures, de deuils et d'abandons. Malgré leurs différences, tous deux partagent une même façon d'habiter le monde, respectueux de la nature et sensibles aux légendes et contes de leur enfance.
De 1920 à l'après-guerre, Marie Charrel nous livre une grande fresque historique et sociale portée par un souffle romanesque unique. Un gros coup de coeur!
-
Conseillé par Pascale B.16 janvier 2023
« Pictures brides »
Le destin réunit Hannah, fille d'immigrés japonais, et Jack « creekwalker » ou gardien de forêt.
Deux solitaires liés par leur proximité de la nature et leur enfance baignée de contes japonais et légendes indigènes, deux personnalités résistantes boostées par la biodiversité avoisinante.
L’auteur revient sur leur histoire personnelle, leurs blessures d’orphelins, le vécu de leur différence, leur culpabilité.
Retour sur la violence raciste subie par les japonais opprimés au Canada des années 1920 à l’après-guerre.
Récit historique, familial, instructif, rythmé, poétique, bienveillant.
Passionnant. Marie Charrel a la plume magique.