Datas sanglantes

Jakub Szamalek

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par (Libraire)
    12 novembre 2023

    Efficace, rondement mené et assez édifiant quant au thème traité, ce 2nd polar de l'auteur polonais -traduit par Kamil Barbarski- met en place 3 univers de travail différents mais qui ont en commun le traitement des données personnelles créées et conservées dans le tréfonds des mémoires informatiques.
    Aneta, l'un des personnages-clés, est la responsable Communication d'une ancienne star du football devenue député et qui a décidé de se lancer dans la campagne présidentielle.
    Julita, elle, est journaliste et a vu sa cote décoller grâce à une enquête qu'elle a menée et un livre publié. Son éditeur lui a proposé un contrat pour un second titre mais elle est au point mort quand elle voit passer une info sur une jeune "camgirl" assassinée alors que sa caméra continuait à filmer. Intriguée par un détail de l'enregistrement devenu viral, elle décide de creuser l'affaire.
    Quant au jeune Oleg, il vient de se faire embaucher par FB dont le siège polonais est à Varsovie. Il est embauché pour effacer du flux des posts toute remarque ou image ne respectant pas les règles imposées aux internautes. Des messages découverts au gré de ses visionnements vont l'intriguer assez pour lui faire creuser une piste étrange.
    Le rythme est soutenu et le point de vue des 3 personnages alterne tout au long du roman.
    L' utilisation des données informatiques à l'insu des individus, la manipulation de personnes crédules, la mystification des contenus et le piratage de contenus virtuels sont au cœur de ce polar consacré aux dangers du Web, avec un travail de fond très bien documenté.
    L'univers et la complexité des nouvelles technologies sont bien décrits y compris pour des néophytes. Les personnages sont inscrits chacun dans un contexte personnel et familial qui les rend attachants et si le style de Szamalek n'est pas des plus originaux, ce polar se laisse dévorer et on en redemande à la fin !
    Les 2 premiers romans policiers de ce qui constituera un triptyque peuvent être lus indépendamment l'un de l'autre.


  • Conseillé par
    29 janvier 2024

    enquête, politique, Pologne

    J’avais hâte de retrouver Julita et Jan. Bien évidemment, le roman commence avec un meurtre, cette fois-ci plutôt sanglant.

    J’ai aimé que Julita et Leon soit en couple et que Julita ne soit plus à la ramasse financièrement.

    J’ai découvert les non-finite verb complement anglais, que Hyde Park se transformait en Winter Wonderland en hiver.

    Le récit se déroule avec le personnage d’Oleg dans un site de contrôle de contenu : Oleg vérifie les contenus suspects postés (meurtres, attentas…)

    Le récit se déroule aussi avec Aneta dans un petit parti politique qui s’accoquine avec un grand manitou du web pour devenir plus visible sur Internet et ainsi gagner des voix.

    Je n’aimerai pas travailler dans la même firme qu’Oleg. Le métier est tellement stressant qu’il y a beaucoup de turn-over et que personne ne sait encore ce que le visionnage intensif de tels images fait au cerveau.

    Un métier dans lequel il faut réfléchir comme un processeur : vite, de façon multitâche et sans émotion (p.238)

    J’ai eu de la peine pour Liina, la collègue et amie d’Oleg qui travaille dans l’entreprise depuis des mois, mais qui finit tout de même par craquer.

    J’ai aimé que Jan donne des astuces pour découvrir la vraie personne derrière le pseudo (astuces malheureusement plus possibles).

    J’ai aimé que Jan et Julita se rendent à Las Vegas pour parler avec un personnage : cet épisode donne du peps et du soleil au récit.

    J’ai été ahurit de découvrir que des résultats d’élections en Lituanie avaient été truquées grâce au vote électronique, et le narrateur explique comment.

    J’ai aimé le personnage secret de Krolak, sorti de nulle part et qui permettra au parti Pologne Demain de gagner les élections, grâce à des méthodes sur Internet légales mais non morales.

    Mais au final qui est derrière toutes ces manipulations ? Je le saurais au prochain et dernier épisode…

    Quelques citations :

    Qu’est-ce que les Russes en retirent ? (…) ils ne promeuvent pas un point de vue géopolitique concret… mais veulent juste qu’on s’engueulent entre nous. (p.263)

    Après une purge, c’est la course à la création de contenu qui linkent du contenu gore… parce que les gens ont soif de ça, parce qu’ils ont perdu leurs anciennes sources de divertissement et en cherchent de nouvelles. (p.360)

    Nous agitons une cape rouge devant le nez des gens. Et on gagne de gros, de très gros millions avec ça. Parce que chaque activité d’un utilisateur se traduit en fric. (p.375)

    L’image que je retiendrai :

    Celle des faux comptes (fermes à clics) que l’on peut créer rapidement et qui ne servent qu’à mettre en avant des publications pour gagner de l’argent : l’auteur des publications et l’appli.