Toutes les familles, roman

Andrea Bajani

Gallimard

  • Conseillé par
    24 mai 2013

    Parce qu'ils n'ont pas réussi à faire un enfant, le couple que Pietro formait avec Sara s'est lentement délité. Le jour où elle le quitte, il rentre dans leur appartement déserté et trouve sur la table un mot l'informant du décès de Mario. Sara ne connaissait pas Mario devenu au fil du temps le secret, le tabou, la douleur qui relient Pietro à sa mère Giovanna. Mario, c'était le père de Giovanna, parti pour le front russe alors qu'elle n'était encore qu'un nourrisson et revenu marqué à jamais par les horreurs de la guerre. Mario, c'était le grand-père de Pietro, cet homme grand et taiseux, squelette au regard vide qui venait parfois l'attendre à la grille de l'école. Mario parlait peu mais dans sa tête se bousculaient des cauchemars russes qui pouvaient exploser en crises de violence et l'ont conduit à finir sa vie dans une institution. Seul et un peu déboussolé, Pietro retourne dans l'immeuble où il a passé ses premières années. Dans l'appartement où il vivait avec ses parents, loge désormais Olmo qui lui aussi a connu le front russe. Olmo lui ouvre sa porte, Olmo lui parle de la guerre, Olmo l'encourage à partir pour Rossoch. C'est donc pour fuir sa solitude, pour s'éloigner de Sara, enceinte d'un autre homme, pour s'imprégner de l'endroit où Mario a laissé son âme, que Pietro rejoint les rives du Don dans les lointaines steppes russes.

    Si l'écriture est belle, finement ciselée, originale, métaphorique, parfaite pour décrire les petits détails qui font la vie, les tourments intérieurs des personnages, l'ambiance un brin nostalgique de l'histoire, on a tout de même du mal à savoir où l'auteur veut emmener son lecteur. On se perd dans les pas d'un Mario spectateur de sa vie, ballotté par les évènements, recherchant le passé de son grand-père à travers celui d'Olmo. Demeure une histoire familiale tourmentée par la guerre, où la douleur se transmet de génération en génération, où la parole est étranglée par le chagrin.
    C'est étrangement beau mais on reste sur sa faim...

    Un grand merci à Dialogues croisés de toujours me permettre d'élargir mon horizon littéraire.