• Conseillé par
    10 décembre 2014

    Ils sont trois, trois hommes unis par des liens amicaux, familiaux et professionnels. Une situation somme toute banale, si ce n'est qu'il s'agit là de Claude Berri, Maurice Pialat et Jean-Pierre Rassam. Le premier a épousé la sœur du troisième, le deuxième couche avec la sœur du premier et tous les trois font du cinéma. Pialat réalise des films à la hauteur de ses ambitions démesurées, Berri voudrait faire l'acteur, réaliser, produire et Rassam se lance dans la production, un peu en dilettante, mais fort d'une fortune familiale qui semble inépuisable. Entre trahisons, batailles d'ego, engueulades et rivalités, ces trois-là ont marqué de leur empreinte le cinéma français des années 70.

    Il faut vraiment être féru de cinéma pour apprécier cette suite d'anecdotes qui tentent tant bien que mal et sans trop de nuances de nous faire revivre les débuts de ces trois figures du cinéma français. On saura que Maurice Pialat veut tourner des films, qu'il jalouse les plus jeunes qui réussissent alors que lui a beaucoup de mal à attirer le public dans les salles. On verra que Berri est peu sûr de lui, qu'il est partisan d'un cinéma autobiographique, qu'il peine à faire l'acteur mais réussit bien en tant que producteur, surtout lorsqu'il décide de financer un cinéma populaire, comique, mauvais mais rentable. Au grand dam de son beau-frère, Jean-Pierre Rassam qui l'accuse de vouloir faire du fric au détriment de la qualité. Ce dernier, personnage central du livre, est décrit comme flamboyant, flambeur, richissime, exubérant et grand consommateur d'alcool, de cigares, de filles et de drogues. A côté de ce fils à papa qui dépense les pétro-dollars que son père distribue à ses enfants comme des bonbons acidulés, Claude Berri, juif mélancolique, qui a commencé par être fourreur dans l'atelier parental, semble bien fade, voire mesquin quand il cherche à assurer ses arrières en finançant des films à succès.
    Leurs histoires s'inscrivent dans celle du cinéma français et on assiste à quelques faits marquants comme le festival de Cannes perturbé en 1968 ou le montage de quelques grands classiques comme Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat ou Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil de Jean Yann. Pialat qui d'ailleurs est vite mis de côté par l'auteur qui préfèrent se concentrer sur la rivalité entre Berri Et Rassam, abordant même à l'occasion les crises internationales de l'époque entre Israël
    et les pays arabes (guerre des six jours, prise d'otages aux J.O. De Munich, etc.) dans une vaine tentative pour faire de leur opposition professionnelle, un combat politique. Certes, Berri est juif et Rassam libanais, mais ils sont très peu politisés et leurs brouilles successives n'ont aucun rapport avec la situation au Moyen-Orient.
    En bref, ce roman ravira les fans de cinéma. Pour les autres, ce sera un peu plus compliqué : détails techniques, listes de personnalités plus ou moins célèbres du cinéma, accumulations de faits sans réel intérêt. On en gardera une découverte de Jean-Pierre Rassam, étoile filante du cinéma, personnalité hors-normes qui, d'ailleurs, méritait d'être un peu mieux traité par l'auteur qui bâcle sa fin de vie de grossière manière. Intéressant mais pas abouti et, surtout, à réserver aux fans de cinéma.


  • Conseillé par
    6 septembre 2014

    Grandeur et décadence

    Où est le réel et où est la fiction ? Avec son titre qui interpelle, en forme de citation que l’on doit à Orson Welles, ce roman brouille les lignes. Voilà en effet un livre qui met en scène des figures du cinéma français des années 60 encore présentes dans nos mémoires : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. Pialat a épousé la sœur de Berri et Berri celle de Rassam et entre eux, les relations sont pour le moins tumultueuses. Comme dans un film, Donner réinvente la vie de ce petit groupe d’amis-ennemis, aux prises avec l’argent, la drogue, les prostituées, la politique ; il dépeint le destin démesuré et invraisemblable de ce trio de personnages hors normes, géniaux, excessifs. En fabriquant du faux avec du vrai, Christophe Donner construit le roman de l’outrance et de l’extravagance.


  • Conseillé par (Libraire)
    4 septembre 2014

    Une histoire de cinéma

    Sexe, drogue et celluloïde !

    Jean-Pierre Rassam, le producteur des meilleurs films de Marco Ferreri ("La Grande Bouffe"), de Maurice Pialat ("Nous ne vieillirons pas ensemble") et de Jean Yanne, brulait la chandelle par les deux bouts. Ce roman raconte sa vie flamboyante, ses amitiés, ses détestations, sa déchéance aussi.

    En contrepoint, le récit des principaux faits d'armes de son (trop) sympathique beau-frère, Claude Berri, souligne encore le fait que Jean-Pierre Rassam avait quelque chose de plus que les autres producteurs de cinéma : du génie, tout simplement !


  • Conseillé par
    3 septembre 2014

    la superproduction de christophe donner

    Combien de romans lus grâce, ou à cause, de leur titre ? Celui-là est suffisamment long pour attirer l’attention. Suffisamment mystérieux aussi pour attiser notre curiosité. « Quiconque exerce ce métier stupide mérite ce qui lui arrive »: Christophe Donner a emprunté cette phrase à Godard. De quel métier s’agit-il ? En fait, il y en a deux, producteur d’abord, réalisateur ensuite, illustrés par Jean-Pierre Rassam, Claude Berri et Maurice Pialat. Trois géants qui ont façonné le cinéma des années 70 et 80. Trois copains, à la vie à la mort, dont deux sont en outre beaux-frères, et qui vont finir par se haïr.

    Jean-Pierre Rassam, le moins connu des trois, est le plus jeune : charismatique, grande gueule, hyperactif, usurpateur génial ayant raté de peu l’ENA, car il était plus attiré par le cinéma que par la haute administration. Il joue sa vie à coups de poker,  auquel il excelle. Le jour où il rafle l’Oscar de Claude Berri – reçu pour son court-métrage " Le Poulet " – il avait mis sur le tapis sa petite amie et sa sœur. Du bluff, de l’esbroufe, du bagout, certes, mais aussi un talent incontesté et une intelligence qui attire une cour de plus en plus nombreuse autour de lui. Ce jeune homme est hors norme. Il faut dire que cet arabe chrétien né au Liban a tout pour plaire. En sus d’être brillant et cultivé, il est riche. Immensément riche par son père, au point d’habiter un palace pendant plusieurs années,

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