Lydie B.

( Prix France Bleu . Prix Orange 2017 )

Sabine Wespieser Éditeur

Conseillé par (Libraire)
5 août 2017

Une fascinante fresque familiale.

Louis-Philippe Dalembert nous fait découvrir un côté méconnu de l’histoire de son pays, le vote par l’Etat Haïtien en 1939 d’un décret-loi donnant l’aval à tous les consulats pour délivrer des passeports à tous les juifs qui souhaitaient se réfugier en Haïti.
Une fois cet aspect de Terre d’Accueil relaté dans le prologue, comme pour faire une mise au point, Louis-Philippe Dalembert raconte la fresque familiale des Schwarzberg, de Ruben en particulier, médecin d’origine polonaise de 97 ans qui retrouve sa petite cousine Déborah à Port-au-Prince, quelques jours après le séisme qui a dévasté Haïti le 12 janvier 2010. Déborah, jeune médecin, fait partie des humanitaires israéliens venus apporter leur aide. Déborah est née en Israël et connait finalement que peu de choses sur sa famille éclatée un peu partout dans le monde pendant la guerre. Elle attend que Ruben lui déroule petit à petit le récit des péripéties qui l’ont amené en Haïti si loin de sa Pologne natale.
Louis-Philippe Dalembert dans cet éloge à son île natale, nous entraîne avec Ruben de la Pologne à l’Allemagne. Puis à Paris, après beaucoup de difficultés, la liberté enfin retrouvée, avant de fuir encore une fois vers sa troisième patrie, Haïti qui deviendra sa Terre Refuge.
Ce tout petit pays qui a su ouvrir ses bras à de nombreux exilés alors que bien d’autres les rejeter.
Un texte qui a une résonance toute particulière avec notre actualité.

Conseillé par (Libraire)
4 août 2017

Un amour à toutes épreuves

Un roman émouvant qui nous transporte dans la vie d’une famille pendant le cataclysme de la seconde guerre mondiale.
L’auteur a choisi une narration à plusieurs voix qui nous entraine du Havre à l’Algérie. Chaque personnage nous raconte sa façon d’appréhender les évènements, influencé par sa propre sensibilité bien sûr mais surtout par l’Amour qu’il porte à l’autre.
Un amour infini, qui donne la force de traverser toutes les épreuves. Cet amour est porté par des personnages qui nous bouleversent.
V.T.C. dit que « Par amour, n’importe quel être humain peut se surpasser. Qu’on tient debout pour l’autre, plus encore que pour soi-même. »

Et c’est ce qu’elle démontre dans ce roman qui est l’histoire de Muguette et Emélie, deux sœurs, et de leur famille.
Elles vivent au Havre, une ville bombardée sans relâche autant par l’armée allemande que par les tirs de l’aviation alliée.
Les deux femmes font tout pour protéger leurs enfants, c’est leur seul but. Avec courage et amour, elles font face aux plus violentes situations jusqu’à jour où la maladie va frapper Muguette. Alors ensemble, les soeurs prendront la déchirante décision d’éloigner les enfants de Muguette, par amour.
Joseph et Marline seront placés dans des familles d’accueil, certes, pour les protéger mais tellement loin, puisque ce sera en Algérie.
C’est un pan de l’Histoire méconnu que l’auteur raconte de manière bouleversante, inspirée par son histoire familiale.
Avec pertinence, Valérie Tong Cuong nous plonge dans la grande Histoire en nous racontant le destin de vies singulières profondément émouvantes.
Une écriture puissante, intense. Une véritable mise en lumière de l’extraordinaire puissance de l’Amour. Le lecteur est envahi d’émotions jusqu’à la dernière ligne. Un grand roman.

Conseillé par (Libraire)
4 août 2017

le silence qui détruit

« Qu’il emporte mon secret » est un roman à tiroirs où le présent se conjugue avec le passé. Pendant une nuit d’insomnie dans un hôtel grenoblois, Hélène, une romancière à succès, écrit une lettre de rupture à son amant, Léo, jeune écrivain en devenir. Cette missive ne va pas être moins qu’une longue confession, une confidence du déroulé de sa vie, particulièrement le drame d’une autre nuit qui a bouleversé 30 ans plus tôt, son existence et dont il lui est impossible de se défaire.
Si Hélène ne peut s’endormir, c’est parce que le lendemain, elle doit témoigner dans un procès celui d’un homme qu’elle a rencontré par hasard lors d’un atelier d’écriture qu’elle animait dans une prison.
Ce procès qui a réveillé en elle un événement horrible, vécu alors qu’elle avait 16 ans et qu’elle était monitrice dans un camp de vacances pour jeunes en difficultés. Ce drame, jusqu’à ce jour, elle a tout fait pour l’occulter, l’enfouir au plus profond de sa mémoire, le refouler hors de sa conscience. Un peu comme si elle obéissait encore à ce gendarme qui lui avait conseillé de ne pas porter plainte, d’oublier « cet accident » comme il l’avait nommé, que ce serait mieux pour elle et à sa mère qui lui ordonnait de ne surtout rien dire à son père pour ne pas le détruire.
Mais elle, Hélène, cette jeune fille de 16 ans, personne n’a réalisé que le silence la détruirait, lui laisserait dans la mémoire, comme une bombe à retardement qui imploserait forcément un jour. Hélène va pourtant se construire en devenant une autre, dans le déni total de ce qu’elle a vécu jusqu’au jour où elle se trouvera face à cet homme qui sera jugé à Grenoble.
Sylvie Le Bihan ne s’en cache pas, dans ce roman elle raconte le cauchemar de sa propre vie. Elle a magistralement écrit ce livre comme un thriller en maintenant le suspense jusqu’à la dernière ligne, avec un dénouement totalement inattendu, qui nous laisse sans mot.

Conseillé par (Libraire)
4 août 2017

Une petite merveille à déguster !

Après une relaxe de la justice italienne qui l’accusait d’incitation au sabotage concernant la construction d’un tunnel de plus de 50 km dans les montagnes du Piémont Italien pour le futur TGV Lyon Turin, Erri de Luca s’est remis à l’écriture d’un roman inspiré peut-être par ces montagnes qu’il connait si bien.
Le narrateur habite dans le nord de l’Italie, un petit village de passages au pied des montagnes qui dessinent la frontière. Cet homme est un alpiniste, un chercheur de fossiles mais aussi un sculpteur. Il admire les artistes mais lui ne pense être qu’un artisan.
Avec deux autres montagnards de son village, ils ont créé « un petit service d’accompagnateurs au-delà des frontières ». Les « voyageurs d’infortune » doivent payer leur passeur, comptant, avant le départ. Mais une fois de l’autre côté, notre modeste guide, a décidé, sans même attendre un merci, de rendre les euros si précieux à ces hommes qui fuient leur pays. Tout se déroule discrètement, jusqu’au jour où l’un d’entre eux cite dans un livre, cette main tendue. Les journalistes s’y intéressent au grand dam des deux autres passeurs beaucoup moins généreux qui le regardent de travers et le chassent de chez lui. Il part s’installer au bord de la mer où il cherche de petits boulots pour vivre.
C’est alors qu’un prêtre va lui proposer de restaurer un très grand crucifix de marbre. Une lourde tâche, il doit ôter un tissu de pierre pour rendre sa nudité au Christ tel que la statue avait été faite à son origine.
Ce travail délicat va amener le sculpteur à s’entretenir avec un prêtre, un ouvrier musulman et un rabbin.
Erri de Luca nous entraîne au travers de cette histoire sur les chemins de notre monde contemporain. Il mesure la place de la religion dans nos sociétés mais aussi l’importance de la solidarité. Il se remémore aussi son jumeau emporté par un torrent à six ans, dont la mémoire, cinquante ans plus tard, lui tient toujours compagnie.
Comme d’habitude, Erri de Luca nous offre un texte puissant bref et poétique rempli d’humanité, un hommage à la nature.

Conseillé par (Libraire)
4 août 2017

Vertigineux secrets de famille

Sur une île sauvage, dans une étrange maison de verre et d’acier où les hommes n’apportent que du malheur, la jeune Marnie doit se libérer des vertigineux secrets du clan des Mortemer pour trouver le chemin de la liberté.

Si dans ses romans précédents, Gilles Paris nous avait habitués à la narration d’un petit garçon comme dans « autobiographie d’une Courgette », dont l’adaptation au cinéma par Claude Barras « Ma Vie de Courgette » a été récompensée par deux Césars et de nombreux prix ; pour le Vertige des Falaises, l’auteur a choisi Marnie, une adolescente de quatorze ans qui nous entraîne dans les arcanes de la famille Mortemer.
Un roman choral où le point de vue de chacun des huit personnages apporte un éclairage différent comme dans un excellent thriller inspiré des scénarios d’Hitchcock ou des romans d’Agatha Christie. Avec une parfaite maîtrise, les clefs de l’intrigue, distillées par petites touches comme un parfum diabolique, ne nous sont dévoilées que dans les toutes dernières pages.
L’histoire se déroule sur une île sauvage proche du continent jamais nommée. Un endroit rude, où la nature peut être dangereuse mais tellement belle qu’elle apporte la consolation quand les secrets de famille sont trop lourds à porter.
Marnie, indomptable et attachante rebelle aux cheveux roux, espionne les faits et gestes de son entourage. Avec sa sœur de cœur et unique amie Jade, une jeune aveugle, Marnie ne pense qu’à fuir le huis-clos oppressant de la demeure familiale pour arpenter l’île. Les deux sauvageonnes défient le danger en s’asseyant au bord des falaises au risque de perdre l’équilibre.
Avec Rose, sa mère et Olivia, sa grand-mère, Marnie forme la lignée des Mortemer qui règne sur l’île. Un lieu où les hommes sont parfois aussi violents et dévastateurs que les tempêtes qui frappent la région.
Dans ce clan de femmes aux destins entrelacés, Marnie va devoir élucider les mystères qui entourent la mort de son père et de son grand-père ; l’unique solution pour se libérer du poids destructeur du passé. (Cf PAGE 06/2017)