Conseils de lecture

14,50
Conseillé par (Libraire)
15 février 2017

Un roman anglais remarquablement construit, tout en finesse

S'attardant tout particulièrement sur une journée de mars 1924, Graham Swift nous fait découvrir le quotidien et les pensées les plus intimes d'une jeune femme de 21 ans, orpheline « née indigente », et « placée » comme bonne très jeune dans une maison d'aristocrates anglais.
Après avoir retrouvé son amant, Paul Sheringham, fils de bonne famille, Jane se retrouve seule dans la demeure de celui-ci. Il lui a laissé en partant la clé de la maison et est parti retrouver la jeune femme qu'il doit épouser selon un mariage arrangé par leurs parents respectifs. Ce jour très particulier durant lequel Jane peut jouir exceptionnellement d'une liberté totale est en effet le « dimanche des mères », une tradition laissant aux domestiques une journée libre par an pour aller voir leur mère. Cette journée de retrouvailles avec son amant - dernière journée avant le mariage de celui-ci - puis la déambulation dans la maison, le retour à bicyclette dans la maison de ses patrons, et le drame qui va suivre, laisseront des traces indélébiles en Jane.
Grâce au récit du narrateur relatant par bribes la vie de ce très beau personnage, ce sont deux Jane qui cohabitent en fait durant tout ce court roman, en un subtil va et vient dans le temps: la jeune bonne audacieuse et, fait peu courant alors, dévoreuse de livres, et la femme âgée qui va dévoiler peu à peu au lecteur ses pensées, ses souvenirs et une fracture intime jamais révélée. Fouillant la mémoire de Jane, le narrateur va ouvrir au lecteur les portes intimes de celle-ci demeurées closes durant toute sa longue vie. Derrière ces portes, un amour interdit, des « livres pour garçons » empruntés dans la bibliothèque d'un maître bienveillant et dévorés avec passion, des pièces chargées de portraits de famille ou de bienfaiteurs, une bicyclette, le souvenir de fils perdus pour toujours pendant la Grande Guerre....
Le souvenir, le secret, le poids des traditions, le mystère que peut recéler un individu, tous ces thèmes parcourent ce roman admirablement écrit, tout en nuances et en finesse.


Conseillé par (Libraire)
14 février 2017

Une construction et une langue éblouissantes

Dense, parfaitement construit, voici le roman d’un drame intimiste et social. Le narrateur dévoile au juge qui l'a convoqué, dans un monologue savamment construit, le mobile d’un crime dont il est accusé et les rouages d’une arnaque dont est victime une petite commune bretonne. Le sort que la justice va réserver à ce pauvre hère, sa confession ainsi que la langue travaillée comme un bijou font du roman et de sa chute un éblouissement…


La Joie de Lire

Conseillé par (Libraire)
6 février 2017

Un album original et réjouissant pour aider à se trouver!

Le héros de ce grand album cartonné est un ours brun et « très positif ». Voilà qui commence bien ! Notre ours, donc, est né d'un gratouillement ou plus exactement d'une « moyenne gratouille ». Il n'a pas de nom mais ce n'est pas très grave car il ne manque pas de questions et la première, il va la trouver dans sa poche, rédigée sur un petit bout de papier: "Es-tu bien moi?" . « Très bonne question » se dit-il avant de partir, muni de trois indices, à la découverte de son identité, de ce qui le différencie des autres et de ce qui fait qu'il est unique. S'il est un « ours très gentil , un ours heureux et en plus très beau », alors il sera bien lui...
Notre ours bonhomme et facétieux s'en va donc en sifflotant dans la « Forêt Merveilleuse » en quête de son propre Moi. Tout en se promenant, il observe la nature afin de comprendre si elle pousse quand il a les yeux ouverts ou fermés ; il écoute aussi les différents silences de cet endroit magique qui vient du temps de « il était une fois », humant au passage les senteurs des fleurs. Tous les sens en éveil, il chemine et va faire des rencontres successives avec les habitants de la forêt, de vieux amis en fait, comme il le lui apprendront, animaux aux noms improbables tels que « Pingouin Pénulième » ou « Vache Complaisante » -mais ne vous en étonnez pas trop, on vous a dit que c'était une Forêt Merveilleuse- . A tous, il posera une question qui l'aidera à continuer sa route et à confirmer peu à peu les trois hypothèses qui l'aideront à savoir enfin s'il est bien lui.
Le texte jouant beaucoup sur l'humour prête à la réflexion mais est aussi plein de poésie et d'une grande originalité tout comme le dessin et la composition; cet album est une ode à la lenteur, à la rencontre et à la nécessité du questionnement. Sait-on jamais qui on est? Un livre pour aider à se poser la question et pour essayer de trouver la réponse en se découvrant soi-même. Dès 6 ans.


Conseillé par (Libraire)
6 février 2017

Le nouveau roman noir de Del Arbol, une construction du récit toujours aussi virtuose!

Si vous ouvrez pour la première fois un roman de Del Arbol, sachez qu'il faudra l'aborder avec de la patience, celle qui est indispensable pour dénouer un écheveau d'histoires entremêlées, de va et vient dans les époques et les pays. Ses récits ne s'avalent pas d'une traite, non, il faut les savourer, se couler dans des couches épaisses et multiples, saisir ce qui relie les êtres par-delà les années écoulées pour voir se révéler enfin une conclusion jamais vraiment libératrice.
Del Arbol sait que si l'Histoire se construit avec des héros souvent de pacotille et des fantômes qui les secondent, hommes, femmes, enfants, elle recèle aussi sa part d'ombre amère. Nimbés d'une infinie tristesse leur donnant une silhouette lourde à traîner, les personnages de Del Arbol souffrent. Ce sont des taiseux qui n'arrivent pas à se libérer de leurs cauchemars. Violences, jalousies, passions et mensonges constituent le suc de ces vies déployées peu à peu sous nos yeux. Les temps et les lieux s'entrechoquent et se cognent tout au long de chapitres qui, cependant, n'égarent jamais le lecteur.
Les blessures de famille restées béantes à cause de silences ravageurs finissent par suppurer haine et vengeance. Elles ne guérissent jamais et se transmettent, sans rédemption possible, donnant lieu à de douloureuses quêtes de vérité.
Son dernier roman vient de paraître en français, et, avouons-le, nous l'attendions avec impatience. « La veille de presque tout » est plus ramassé que les précédents mais a toujours comme base cette valse des époques que Del Arbol manie d'une main de maître.
L' inspecteur Ibarra s'est rendu célèbre en découvrant un tueur pédophile, trop tard cependant. Malgré ce demi-succès incontestable, il est rongé par un mal-être qui l'entraîne dans une saoûlerie nocturne quotidienne et solitaire : il n'ose plus affronter le drame quotidien qui se joue sous son propre toit et en est pétri de remords. Par-delà sa propre détresse, il devra pourtant affronter le vent des rumeurs qui tournent en sa défaveur et essayer de résoudre une disparition qui emportera à nouveau le lecteur, en Espagne et en Argentine, vers de multiples histoires individuelles.


7,50
Conseillé par (Libraire)
4 février 2017

Un très beau premier roman pour les ados dès 14 ans

Un gros coup de coeur pour ce roman peu épais publié à l'Ecole des Loisirs et qui vient de sortir en poche: "Tous les héros s'appellent Phénix" de Nastasia Rugani: deux soeurs, une mère peu présente et un père qui a disparu de la circulation, sans explications, après le divorce; malgré le sentiment d'abandon que ressent Phénix, 16 ans, depuis le départ de son père, la jeune fille s'accroche à sa vie de lycéenne et à sa petite soeur de 8 ans, Sacha, surdouée et malicieuse. Mais la vie va leur réserver de mauvaises surprises sous l'apparence d'un homme que tout le monde admire de loin, charismatique professeur d'anglais quelque peu rigide, certes, mais tellement charmeur! Prenant de plus en plus de place dans la vie de la famille de Phénix, il va se révéler rapidement bien autre. Un roman qui prend aux tripes, bien écrit, à lire absolument dès 13 ans et sans limite d'âge...