Ne préfère pas le sang à l’eau

Viviane Hamy

Conseillé par (Libraire)
14 février 2018

Un roman d'anticipation pour parler de notre société contemporaine et de ce qui constitue l'Homme

Lorsque nous avions lu les deux premiers romans de cette auteure, déjà publiés par Viviane Hamy, nous avions été immédiatement saisis d'une part par l'efficacité d'une langue ciselée et d'autre part par les thèmes abordés : l'enfance maltraitée dans « Et je prendrai tout ce qu'il y a prendre » et le combat de femmes africaines qui essayent de se relever, prenant les armes à leur tour après avoir subi des viols durant la guerre civile ravageant leur pays dans « Des femmes qui dansent sous les bombes ». L'écriture a été à chaque fois un choc, d'une puissance incroyable et qui nous a subjugués.
Ce troisième roman est une fable et aborde un tout autre sujet sous l'allure du roman d'anticipation. Le thème principal rejoint cette fois des préoccupations écologiques: le manque d'eau a réduit la Terre à un désert et pousse un peuple à migrer cherchant à survivre en allant là où l'eau est encore canalisée et stockée, dans un pays imaginaire nommé « Cartimandua ».
Apparaissent en toile de fond des problèmes d'éthique et de morale. En effet, le manque d'eau a engendré un comportement de plus en plus autoritaire chez le Président de Cartimandua qui décide de priver peu à peu la population de droits essentiels dont celui de la liberté d'expression ; il envoie les opposants au fin fond des geôles de l'Etat et une dictature s'instaure ainsi, prenant appui sur les solutions qu'il apporte au manque d'eau pour asseoir son despotisme.
Plusieurs personnages entremêlent les points de vue: une fillette, un jeune graffeur croupissant en prison pour avoir tagué les murs de la ville de slogans revendicatifs, une mère désespérée, un traître pris au piège de sa propre trahison...
Si le roman est peu épais, il aborde outre les deux thèmes déjà cités, celui des migrants et du poids de la culpabilité qu'on leur fait souvent endosser, celui de la puissance des mots et de l'écriture, celui du choix, celui de la fragilité de notre planète que nous continuons à maltraiter.
C'est un très beau texte que nous offre l'auteure, forte de la volonté de faire réfléchir
sur l’humain et ce qui le constitue.

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