Ludovic P.

J'aime les récits d'aventure, les romans russes, les anti héros américians et l'absurde quand il révèle le tragique. Ma BD de référence: Portugal, de Cyril Pedrosa.

Traduit de l'anglais par Cécile Dutheil de la Rochère

Stock

Conseillé par (Libraire)
16 avril 2015

L'organisation particulière du pouvoir en Iran ne peut pas à elle seule expliquer l'art consommé des Iraniens de cultiver les paradoxes. C'est quelque chose, nous dit Ramita Navai dans la préface, de plus ancien, une injonction de l'histoire. Pour survivre, il fallait mentir.

Aujourd'hui, avec le pouvoir coercitif que l'on sait, mentir est devenu un sport national qui se pratique dans la plus grande discrétion. On ne rigole pas avec cela. C'est cette pratique que Ramita Navai explique en dressant le portrait d'une poignée de Téhérannais. Dans un style journalistique, elle révèle les absurdes compromis auxquels ils doivent se soumettre. En fond se dessine le tableau d'une société cultivée qui semble avoir pris la mesure des privations et des dangers à s'exposer trop clairement contre le régime. Elle préfère s'en accommoder; pour cela le jeu du chat et de la souris est de mise...

Mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent

Éditions de L'Olivier

Conseillé par (Libraire)
15 avril 2015

Voyage en littérature russe

Dans Les Possédés, Elif Batuman, brillante étudiante à Harvard et Stanford, évoque son parcours universitaire en littérature comparée, ses voyages en Russie et ses étonnants colloques. A priori, rien de très excitant. Sauf qu'Elif Batuman sait parler des auteurs qu'elle admire (Tolstoï, Tchekhov, Gorki ou encore Babel). Elle révèle leurs manies, leurs névroses, leur doutes, leur folies. Plus drôle encore, elle agit de la même façon avec les différents spécialistes et chercheurs qu'elle rencontre avec une ironie mordante. Ainsi, à la « grandeur » de son objet d'étude, la littérature russe, elle oppose sans cesse l'humaine condition de ceux qui la lisent et se passionnent pour elle. On y croise donc une faune pour le moins étrange, peuplée de vieux chercheurs gagnant la sympathie de leurs homologues en distribuant des gorgées de Single Malt lors d'un colloque sur Tolstoï, de descendants d'illustres auteurs qui se promènent en tong et en survêtements, d'étudiant charismatique et pernicieux comme le héros des Démons, de théoriciens du complot autour de la mort de Tolstoï, etc.

Parsemé d'anecdotes (la découverte d'une tombe par des archéologues soviétiques le 21 juin 1941 sur laquelle était gravée l’épitaphe suivant « Quand je me lèverai, le monde tremblera » ; le lendemain, Hitler envahit la Russie), ce récit nous révèle des pans entiers de l'histoire russe où alternent le grotesque, l'horreur absolue, ou l'absurde. Et bien souvent d'ailleurs, les trois se mêlent ensemble.

En conclusion, "Les possédés, Mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent", est à mettre entre toutes les mains des amateurs d'Ivan Illitch, d'Anna Karénine et autres héros slaves. Pas toujours accessible, il n'en reste pas moins drôle et d'une érudition qui impose le respect.