Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Conseillé par (Libraire)
27 février 2022

Un roman graphique bouleversant et une claque visuelle !

Ce roman graphique est une véritable claque non seulement visuelle mais aussi de par l'histoire qu'il raconte. David Sala, bien connu pour ses albums Jeunesse, aborde ici l'histoire de sa famille à travers un hommage à ses deux grands-pères espagnols.
Son grand-père maternel, Antonio, jeune Républicain dénoncé par son oncle alors bras droit de Franco, doit s'enfuir en France; faisant partie des "travailleurs volontaires" - entité sous la responsabilité du ministère des Armées et créée en 39 par Daladier - il est fait prisonnier à Dunkerque en 1940 puis déporté à Mauthausen.
Son grand-père paternel, Josep, sera aussi contraint à l'exil suite à la victoire des fascistes et rejoindra le maquis.
David a bien connu ses 2 grands-pères; c'est à hauteur d'enfant qu'il décide de raconter cette période heureuse au sein d'une famille unie et engagée politiquement. Mais c'est aussi pendant cette période qu'il va découvrir le passé de ses grands-pères, l'horreur de la guerre et des camps de concentration...
Le roman graphique épais et aux belles dimensions permet une mise en page généreuse de ses planches splendides; c'est peu dire que le traitement de la couleur chez David Sala est au cœur de son travail d'illustrateur et d'auteur. Chaque case a des proportions différentes donnant un côté extrêmement dynamique au récit et tout au long de la lecture, les pages révèlent une explosion de couleurs et de détails, un soin extrême apporté à la restitution de l'époque -les années 70- et aux différents souvenirs que l'artiste égrène et qui concernent aussi ses frères, l'école, sa vie d'adulte et ses débuts dans l'illustration.
Le traitement graphique des passages liés à ce qu'ont vécu ses grands-pères est d'une force incroyable.
Cet album bouleversant est incontournable !

Conseillé par (Libraire)
20 février 2022

"Le pouvoir doit se définir par la possibilité d'en abuser". Malraux

Jérôme Leroy est l'un de ces auteurs qui plonge sa plume dans le sang, dans la perfidie des êtres et dans la noirceur de la société et dont le style est franc du collier et rythmé. Il avait donc a priori tout pour me plaire. C'est chose faite.
Mettant en scène quelques personnages qui relèvent de la plus haute fonction gouvernementale ainsi que leur entourage proche - une Présidente de la République, deux ministres, une fille de ministre, le petit copain de la fille du ministre, un ancien Para et quelques personnages secondaires mais néanmoins indispensables pour faire avancer les pions - Leroy nous dépeint une France ni tout à fait étrangère ni tout à fait semblable à celle de ces toutes dernières années. C'est là qu'opère la maestria de l'auteur car il arrive à parler de la société française d'aujourd'hui à travers son appareil politique tout en distordant (légèrement) la réalité.
Dans ce contexte politique complexe et inédit, les luttes intestines, les ralliements et les mises à mort vont se succéder, se développer et se superposer entraînant des conséquences dramatiques.
Construction au cordeau, analyse de la perversion du pouvoir et de ses jeux de dupes : un roman qui se dévore !

Conseillé par (Libraire)
11 février 2022

Un polar intense et rythmé

Amateur, amatrice de pavé, de polar et de politique, ce gros (non, très gros) roman policier de l'auteur français Benjamin Dierstein vous emmènera dans des contrées que nous ne parcourons jamais, nous autres, si ce n'est de façon livresque : celles de la grande criminalité habillée en costard de marque et Rolex au poignet mais trempant son âme ou le peu qu'il en reste dans les eaux marécageuses les plus glauques.
Prostitution de luxe, fraude fiscale à gogo et pédocriminalité constituent le fonds du tableau dans lequel va évoluer la Brigade Criminelle parisienne constituée par une brochette de flics qui ne se veulent pas du bien, ce qui va pimenter un peu plus le récit...
Un roman très bien charpenté et une écriture habile qui entraînera le lecteur jusqu'au bout de l'enfer...
(Ames sensibles s'abstenir).

Conseillé par (Libraire)
11 février 2022

Une nouvelle auteure de polars à suivre !

Ce premier roman policier d'une auteure danoise remplit les promesses que l'on attend de ce genre de lecture : une trame intéressante et vraisemblable, des enquêteurs que l'on suit avec curiosité et intérêt dans leur recherche du criminel et une attention singulière portée à la psyché des personnages.
Tout cela est réuni dans ce polar qui se déroule à Copenhague où un vieil homme découvre le cadavre au visage mutilé de sa jeune voisine. L'enquête démarre difficilement car le suspect connu de la victime s'est arrangé pour ne laisser aucune trace derrière lui, comme tout bon assassin qui se respecte...
Confiée à Jeppe Kørner et à sa collègue Anette Werner, l'enquête patine sur fond de révélations qui viennent brouiller les cartes.
Ce que vit Jeppe de son côté ne l'aide pas à voir très clair, absorbant moult antidouleurs pour tenter de faire passer ses frustrations et peines personnelles.
L'intrigue se développe sur 6 jours mais l'auteure prend son temps pour nous faire découvrir chacun des personnages clés de cette histoire et l'avancée lente mais bien calibrée de la résolution. Le style est plaisant et la traduction à la hauteur du roman ajoute au plaisir de lecture.
La ville de Copenhague est au cœur du récit car les enquêteurs y déambulent tout au long de l'histoire : l'auteure en profite pour nous la faire découvrir, ce qui est un élément supplémentaire pour classer ce roman policier dans la grande famille du Polar nordique...
Ce 1er roman vient de passer en poche alors que vient de paraître en même temps la nouvelle enquête de Jeppe Kørner à nouveau chez Fleuve Noir, "Le papillon de verre" : une excellente occasion de découvrir ce nouveau duo d'inspecteurs et de faire d'une pierre deux livres !

17,50
Conseillé par (Libraire)
11 février 2022

Un très beau roman sur la passion de l'art et la passion tout court !

Plonger dans l'Histoire par le biais de la fiction m'a toujours plu et quand le roman est réussi, c'est un vrai plaisir que de voyager ainsi dans le temps.
L'auteure nous transporte dans le Paris des années 1470 et nous fait découvrir l'amour croissant d'une fillette, Marguerite, dotée d'une sensibilité extrême, pour le monde du dessin et des couleurs. La petite est en effet née en 1468 au sein d'une famille d'enlumineurs. Son grand-père et son père dirigent un atelier réputé pont Notre-Dame, l'atelier A l'Étoile d'or. Or, l'époque est à la paix, les activités de l'artisanat et du commerce sont en plein essor et ce sont désormais des familles aisées qui souhaitent avoir leur propre Livre d'heures enluminé par les artistes peintres selon leurs demandes...
Mais Marguerite est une fille et sa mère ne souhaite qu'une chose, lui apprendre à devenir une jeune fille bonne à marier.
L'univers de l'enluminure est reproduit ici par petites touches, dans des chapitres courts et avec beaucoup de poésie. C'est avec les yeux de Marguerite que l'on découvre le travail, l'atelier, les matériaux utilisés et le savoir-faire de ces artisans de la beauté.
On va suivre Marguerite dans l'affirmation de cette passion tout au long des années qui vont passer jusqu'à l'an 1499. A travers son histoire, on va découvrir les événements intimes qui vont la toucher mais aussi ceux qui vont rythmer sa vie et celle des Français.
L'auteure, elle-même relieuse, transcrit admirablement les sensations liées au travail de l'enluminure mais également les sentiments de ses personnages et cela avec beaucoup de finesse.