Conseils de lecture

9,40
Conseillé par (Libraire)
31 juillet 2023

Un roman bouleversant et solaire sur l'enfance saccagée

Les années 90 constituent la bande-son de ce roman magnifique et la ville de Marseille son décor, pas le Panier ou le Vieux-Port, non, c’est entre les tours dégradées et taguées du quartier dénommé « Arthaud », quartier à la périphérie de tout, et dans le quartier gitan tout proche, dénommé « passage 50 », que va se dérouler l’essentiel de l’histoire de Karel, le narrateur. Il forme avec Hendricka, sa sœur cadette, et Mohand, le benjamin, une fratrie fracassée par un père violent, méprisant, alcoolique et drogué, et une mère soumise et névrosée. Ce roman est celui de l’enfance meurtrie mais c’est aussi le roman de l’amour qui va permettre aux trois enfants de dépasser leurs meurtrissures.
Si Karel et Hendricka sont deux enfants à la beauté solaire et insolente, Mohand est né affublé de diverses maladies et handicaps qui vont en faire le bouc émissaire de la frustration permanente du père. Karel va essayer de s’interposer mais ne faisant que redoubler la colère du père et incapable de défendre Mohand, obligé de se terrer dans un coin de l’appartement et d’assister à cette impitoyable curée, il va développer année après année un sentiment de honte et de dégoût de lui-même. Son échappatoire, il va la trouver dans l’amitié qu’il va nouer avec un jeune gitan, Rudy, copain de classe depuis toujours et frère adoptif. Rudy va l’introduire dans sa famille, son monde et sa culture et ce refuge de caravanes va bientôt accueillir de la même façon Hendricka, puis Mohand un peu plus tard…
Ce roman est aussi délicat qu’il est dur, brut et dramatique ; il nous fait tanguer entre la violence de cette famille dysfonctionnelle et la vie de Karel en-dehors de cet enfer familial faite de moments de bonheur intense échappant au fatalisme. Karel ne goûte pas la vie, il l’arrache à pleines dents. En quelques pages, l’auteure nous entraîne dans le sillage de son personnage et on ne peut lâcher le livre qu’à la dernière page, épuisé, bouleversé.


9,70
Conseillé par (Libraire)
31 juillet 2023

Savoureux et truculent !

L'auteur de ce roman traduit du croate met en scène une famille de 5 personnes, le père à l'alcool peu amène et ses 4 fils. Toute cette petite tribu défend les armes au poing son bout de terre situé au fin fond d'une combe (d'où le titre) tout en ayant des activités qu"on devine louches mais dont on ne saura rien.... Lassé de l'éternelle polenta que le père cuisine jour après jour depuis la mort de sa femme, l'aîné décide de rejoindre la ville pour se trouver une femme (qui saura cuisiner...) ou plus exactement pour retrouver coûte que coûte une jolie fille qu"il a connu 15 ans plus tôt.
Cette décision va entraîner toute une série de conséquences drôles et cocasses ; des personnages secondaires succulents vont s'ajouter au cours de la narration et le tout est mené tambour battant tout au long des 200 pages.
Un petit bijou, Prix du Moulin des Lettres en 2022, coup de coeur unanime des 9 membres du jury, voici ce qu'ils en ont dit :
"un roman truculent que j'ai adoré"
"un roman très drôle avec des personnages bruts de décoffrage, tonique et savoureux"
"une hilarante quête amoureuse"
"une famille dissidente et des coups tordus"
"un roman jubilatoire"...


22,70
Conseillé par (Libraire)
31 juillet 2023

Héros malgré lui, héros contrit !

Le nouveau roman de Maxim Leo est un vrai régal !
Michael Hartung, propriétaire vieillissant d'un vidéoclub sur le déclin - et ancien cheminot - voit débarquer dans sa boutique un journaliste qui va le presser de raconter comment il a fait passer un train de voyageurs de Berlin Est à Berlin Ouest à l'époque où le Mur était encore debout.
Niant tout esprit de courage et d'héroïsme, Michael va cependant être malgré lui projeté dans ce rôle de héros de l'Est alors que Berlin s'apprête à fêter le trentième anniversaire de la chute du Mur.
Plein de dérision et d'humour, ce roman est une critique sévère des médias mais également des mensonges et des compromissions d'une société où les repères moraux et éthiques semblent s'être dissolus avec le temps au profit de la peur du scandale et de la vindicte populaire.


21,00
Conseillé par (Libraire)
12 juillet 2023

Nigeria, marque de bière mondiale et prostitution : un polar qui ne vous lâchera pas en cours de route...

L'auteur n'en est pas à son 1er coup d'essai dans le domaine du polar. Il aborde ici la collusion entre le milieu des affaires (ici une grande marque de bière européenne) et la mafia qui gère la prostitution au Nigeria.
Peter Diksen, directeur marketing de la bière First, a pour mission d'imposer la marque face à ses concurrents dans un pays africain qui en est un gros consommateur. Lui vient l'idée de déployer tout un réseau de filles vêtues aux couleurs de la marque dans les bars du pays, également priées de répondre aux demandes pressantes des clients, demandes d'un tout autre genre.
Serena Monnier, une journaliste française free lance, décide de partir au Nigeria pour tenter de comprendre le réseau de prostitution qui draine vers toute l'Europe des centaines de jeunes femmes et adolescentes nigérianes. Elle va s'appuyer sur les ONG féminines de Lagos qui tentent d'aider les femmes battues, violées, prostituées...
Enfin, c'est pour donner un nom et rendre à leur famille les corps de deux jeunes filles retrouvées mortes que l'agent de sécurité routière Oni Goje va commencer à enquêter sur leur assassinat.
Liant efficacement ces différents personnages grâce à un scénario malheureusement tout à fait crédible, Ledun dresse un portrait sombre du Nigeria où la pauvreté endémique génère au quotidien des comportements de survie.
Entre corruption des élites et des politiciens et mariage d'argent entre milieux d'affaires européens et mafias nigérianes, les femmes sont un enjeu non négligeable et payent le prix fort.
Un roman parfaitement construit avec de très beaux personnages et des femmes qui essaient de s'en sortir mais relatant une réalité qui vous broie les tripes...


23,00
Conseillé par (Libraire)
28 juin 2023

Un roman familial délicat sur trois générations d'Allemands hier et aujourd'hui

Veuf depuis peu, Kaspar découvre en rangeant les papiers de sa femme que celle-ci a eu une fille en RDA, Svenja, abandonnée là-bas avant de le rejoindre à Berlin Ouest en 1965.
Désireux de savoir ce qu'est devenue cette belle-fille après tant d'années, il va partir à sa recherche et faire la connaissance de Sigrun, la fille de Svenja. L'adolescente de 14 ans va vouloir mieux connaître celui qu'elle considère désormais comme son grand-père et passer ses vacances à Berlin chez lui.
Libraire et mélomane, Kaspar est totalement réfractaire à l'idéologie nationaliste et xénophobe que les parents de Sigrun lui ont inculquée. Avec patience et amour, il va essayer de l'ouvrir aux réalités de l'histoire allemande, la mener à réfléchir par elle-même et à trouver sa voie.
Kaspar a voué sa vie aux livres et à sa femme qui a sombré peu à peu dans l'alcoolisme, hantée par l'abandon de son enfant et incapable de trouver sa place en RFA.
Seul et profondément perturbé après la mort de Birgit, il va découvrir en Sigrun une enfant à aimer, avec qui partager ce qu'il aime par dessus tout, la littérature et la musique.
Schlink nous livre le portrait de deux très beaux personnages qui vont petit à petit apprendre à se connaître et à s'apprécier malgré les difficultés qu'ils vont rencontrer pour se comprendre dans un très beau roman, délicat et subtil, qui est aussi une réflexion sur la complexité de l'Allemagne aujourd'hui encore obligée de se confronter aux relents d'un passé maudit.